De la nécessité, pour un donneur d’ordre, de surveiller le climat social chez ses sous-traitants

En novembre 2018, le groupe français EDF, la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, et l’État camerounais ont signé un accord portant sur la construction du complexe hydroélectrique de Nachtigal au Cameroun. Le projet est porté par la société NHPC (Nachtigal Hydro Power Company) et devrait, à terme, répondre à 30 % des besoins énergétiques du pays. NHPC est constituée d’EDF (40 %), de la SFI (20 %), de l’État du Cameroun (15 %), du fonds Africa50 de la Banque africaine de développement (15 %) et du fonds d’investissement français STOA (10 %). La crise sanitaire, en 2020, et les récents remous sociaux chez son principal sous-traitant – la Camerounaise de construction du barrage de Nachtigal (CCN), un consortium composé du français NGE Contracting, du belge Besix et du marocain SGTM – pourraient repousser la mise en service de l’ouvrage en 2024 au lieu de 2022 comme initialement prévu.

Début mai, la presse camerounaise a révélé un nouveau coup dur pour le projet, à savoir le licenciement de la directrice des ressources humaines de CCN. Les raisons de ce licenciement font suite à un audit qui a conclu à l’existence, pendant plusieurs mois, d’environ 600 salariés fictifs. Ce chiffre est à comparer à un effectif officiel global d’à peine 3 000 salariés. Cette découverte pourrait également, en partie, expliquer la pression sur les rémunérations à l’origine des remous sociaux et, potentiellement, un nouveau renchérissement du coût du projet. Elle justifie aussi la nécessité pour le principal actionnaire de NHPC, à savoir EDF, d’être plus attentif à la situation sociale chez ses sous-traitants dans le cadre de sa politique de responsabilité élargie.