Les déchets en plastique européens sont exportés sans aucune précaution en Turquie

Lorsqu’en 2017, la Chine a décidé de réduire, voire de supprimer les importations de plusieurs catégories de déchets, et que d’autres pays de la région lui ont emboîté le pas, ce sont plus de 7 millions de tonnes de déchets en plastique qui ont dû trouver d’autres destinations afin d’être recyclés. En effet, les pays occidentaux n’étaient pas prêts à traiter sur leur territoire de telles quantités de matériaux. Ils ne le sont d’ailleurs toujours pas, si l’on en croit une enquête réalisée en mars et publiée le 17 mai par l’association Greenpeace UK.

Selon cette organisation, la Turquie est devenue le principal destinataire des déchets plastiques britanniques. Les exportations du Royaume-Uni vers ce pays sont passées de 12 000 tonnes en 2016 à 209 642 tonnes en 2020 (soit environ 30 % des exportations de déchets plastiques du pays). L’investigation menée par Greenpeace en Turquie a montré que ces déchets étaient tout simplement jetés, incinérés sans précautions, entassés dans d’immenses décharges à ciel ouvert ou abandonnés dans les rivières et la mer. L’ONG a examiné 10 sites autour de la ville d’Adana, dans le sud de la Turquie. Elle a trouvé des emballages en plastique d’enseignes de la grande distribution comme Tesco, Asda, Co-op, Aldi, Sainsbury’s, Lidl et Marks & Spencer. Plusieurs mentions relevées sur les emballages montraient qu’ils avaient été récemment importés.

Parmi les autres pays européens fortement exportateurs de déchets en plastique vers la Turquie, on peut citer l’Italie, la Belgique, l’Allemagne et la France. Devant le tollé que cette situation a provoqué au sein de l’opinion internationale, le gouvernement turc a, semble-t-il, décidé de réagir. Une notice déposée par le ministère du Commerce dans le journal officiel du 18 mai a indiqué que les polymères étaient désormais retirés de la liste des déchets autorisés à être importés en Turquie. Les exportateurs devront se tourner vers d’autres destinations bon marché, comme la Pologne, la Malaisie ou le Ghana, à moins que les « producteurs » de déchets n’acceptent de participer financièrement et plus activement à la consolidation de filières de recyclage saines.