En Grèce, le torchon brûle entre la direction de Teleperformance et les syndicats

Le 1er décembre 2022, Teleperformance et la fédération syndicale internationale UNI Global Union ont signé un accord mondial. Celui-ci a pour but de « renforcer les engagements partagés en faveur des droits des travailleurs à former des syndicats et à s’engager dans des négociations collectives – tout en faisant progresser les principes sur des questions clés telles que la santé et la sécurité, et le contrôle du lieu de travail ». L’accord vise cinq pays prioritaires : la Colombie, la Roumanie, le Salvador, la Jamaïque et la Pologne. Dans son rapport annuel de 2024, la société indique que l’accord a été mis en œuvre dans ces cinq pays et que des syndicats locaux sont reconnus dans 24 pays.

Malgré ces engagements et les avancées certaines constatées sur le terrain, la situation n’est pas idyllique dans toutes les implantations du groupe. C’est le cas en Grèce, où il emploie plus de 12 000 personnes réparties dans 7 centres multilingues.

Au 31 décembre 2023, le groupe comptait 72 pays certifiés « employeurs de premier plan » par l’institut Great Place To Work®, dont la Grèce. Mais depuis plusieurs mois, les relations entre la direction et le personnel sont très tendues dans ce pays. Les grèves se sont multipliées depuis le début de l’année 2024. La dernière en date a eu lieu le 27 janvier 2025. SETEP, le syndicat représentant les salariés de Teleperformance en Grèce, et le SETIP, la Fédération grecque du secteur des télécommunications et des technologies de l’information, dénoncent des rythmes de travail insoutenables – qui vont jusqu’à refuser les pauses toilettes –, des rémunérations qui demeurent invariablement basses malgré une inflation élevée, et le recours abusif aux contrats courts. De plus, près de la moitié des agents viennent de l’étranger et sont exposés à des retenues sur salaire pour régler leur logement et certains services, comme l’électricité, qu’ils payent parfois plus cher que sur le marché local.

Depuis un an, les syndicats réclament des négociations pour mettre en place une convention collective qui intègre la question des salaires, de la permanence des contrats de travail et de la réduction des horaires de travail. Mais les représentants syndicaux déclarent que Teleperformance est opposée à la syndicalisation de l’entreprise et soutient que le syndicat n’est pas compatible avec son secteur d’activité. Ils affirment aussi qu’en guise de représailles, l’entreprise a procédé à des licenciements visant spécifiquement les dirigeants et les sympathisants du syndicat.