Les plans de relance annoncés par le président Biden ont recueilli de très nombreux soutiens aux États-Unis (et dans le reste du monde), y compris auprès de la communauté des affaires. En revanche, l’accueil du plan de financement de cette relance, et notamment le relèvement du taux d’imposition pour les sociétés de 21 % à 28 %, a été beaucoup plus « tiède ». Plusieurs représentations professionnelles ont affirmé que cette augmentation entraverait l’économie et ferait baisser les salaires. Les lobbyistes affûtent leurs armes en vue des futurs débats. Pourtant, les entreprises bénéficieront de l’amélioration des infrastructures générée par The American Jobs Plan ainsi que d’une main-d’œuvre plus qualifiée et en meilleure santé.
Aux États-Unis, entre 1952 et 2013, la part des sociétés américaines dans les recettes fiscales est passée de 32 % de l’ensemble des impôts fédéraux perçus à 10 %. Ce pourcentage est aujourd’hui de 6,6 % selon le Tax Policy Center. Les réductions d’impôts accordées en 2017 par Donald Trump semblent surtout avoir favorisé les rachats d’actions. D’un autre côté, le salaire de nombreux Américains a stagné. En examinant la situation sur une longue période, des chercheurs ont calculé que la rémunération des dirigeants des grandes entreprises américaines a grimpé de 940 % entre 1978 et 2018 alors que celle des salariés travaillant dans les mêmes secteurs que ces entreprises n’a progressé que de 12 % au cours de la même période. De ce fait, un nombre croissant d’acteurs, notamment dans les milieux économiques et financiers, encouragent les dirigeants des grands groupes à abandonner leurs actions de lobbying qui vont à l’encontre du bien commun.