Les indices éthiques jouent un rôle considérable dans le fonctionnement de la finance responsable. Leur composition dépend de nombreux facteurs et, notamment, des règles de sélection des valeurs qui, du reste, ne sont pas toujours faciles à décrypter. Les organisations militantes s’intéressent encore peu à cette question et aux possibilités de levier que cet intérêt pourrait provoquer sur le comportement des entreprises. L’organisation écologiste australienne Market Forces semble prêter attention à cet angle d’interpellation. Ainsi, le 17 mars, l’ONG a demandé à S&P Global de réexaminer la présence de l’opérateur portuaire indien Adani Ports and Special Economic Zone (APSEZ) dans son indice éthique Dow Jones Sustainability Emerging Markets. Le 23 novembre 2020, l’indice avait justement dévoilé sa nouvelle composition qui laissait apparaître APSEZ parmi les sociétés fraîchement intégrées. À la suite de cette information, le cours de Bourse de l’action d’APSEZ avait progressé de 6 %. Pour l’association, plusieurs raisons justifient un réexamen de l’introduction d’APSEZ dans l’indice. Elle fait notamment remarquer que la compagnie entretient des liens étroits avec l’armée birmane à l’origine du coup d’État en Birmanie le 1er février. Elle souligne aussi qu’elle joue un rôle déterminant dans le développement de la très controversée mine de charbon thermique de Carmichael dans l’État australien du Queensland en exploitant une ligne de chemin de fer pour transporter le combustible. Enfin, elle précise qu’APSEZ occasionne d’importants dommages écologiques dans certains sites portuaires en Inde, comme sur le projet de Mundra au Gujarat.