Le mouvement des agriculteurs qui a récemment secoué la France (et d’autres pays européens) a conduit le gouvernement français à décréter une pause du plan « Écophyto ». Cela a déclenché les protestations des mouvements écologistes, qui assurent que cette option ne s’attaque pas aux problèmes : surproduction et gaspillage, épuisement des sols et des océans, exportations de produits de mauvaise qualité qui détruisent les agricultures des pays du Sud et de produits chimiques interdits, importations de denrées alimentaires contenant ces mêmes produits chimiques… Cette décision a aussi nourri les dissensions entre les écologistes et une partie du monde paysan. Une partie seulement, car ce dernier n’est pas uniforme. Fallait-il s’attendre à ce que la transition (ou les transitions) que nous traversons se déroule en douceur ? Non, et ce, d’autant que nous sommes partis de très loin et très en retard, et pas juste sur les questions écologiques. La quatrième campagne de questions écrites menée par le Forum pour l’investissement responsable à l’occasion des assemblées générales des entreprises montre par exemple que 25 sociétés du CAC 40 n’ont toujours pas adopté de définition solide pour la notion de salaire ou de rémunération décents. Il s’agit pourtant d’un premier pas absolument incontournable pour s’assurer que toute personne intervenant dans la chaîne de valeur d’une firme puisse vivre dignement de son travail. Les transitions ont sans doute davantage besoin de justice que de pauses.