En Thaïlande, la loi contre le trafic d’êtres humains s’améliore, pas les pratiques

A la suite de graves accusations survenues dans le secteur de la pêche en 2014 et 2015, la Thaïlande avait été reléguée dans la dernière catégorie du rapport du Département d’Etat américain sur le trafic d’êtres humains (Tier 3). De son côté, l’Union européenne avait menacé le pays de sanctions économiques. La Thaïlande a ensuite modifié sa législation, notamment en la mettant en conformité avec le Protocole de 2014 de l’Organisation internationale du travail (OIT) relatif à la convention sur le travail forcé (P29) et avec la convention de l’OIT sur le travail dans la pêche (C188). L’Europe a donc mis fin à ses menaces, tandis que les Etats-Unis ont replacé la Thaïlande dans le Tier 2 (pays dont le gouvernement ne répond pas complètement aux standards minimaux requis par la loi de 2000 sur la protection des victimes de trafic, mais qui ont fait des efforts substantiels pour se mettre en conformité avec ces normes). Toutefois, sur la base d’un rapport publié le 10 mars, une coalition d’ONG (Thai Seafood Working Group – SWG) estime que la Thaïlande devrait être rétrogradée au Tier 2 Watch List du prochain rapport du Département d’Etat (qui doit paraître en juin prochain). En effet, si cette coalition reconnaît que la législation a évolué dans le bon sens, elle constate peu de changements réels sur le terrain. Le rapport de SWG souligne notamment que près de 10 % des 470 travailleurs thaïlandais, birmans et cambodgiens du secteur de la pêche et des fruits de mer interrogés affirment qu’ils ont été victimes de travail forcé.