Les investisseurs prennent insuffisamment en compte les différends fonciers dans leurs projets

La question de l’accès ou du maintien des populations sur leurs terres reste un enjeu majeur, d’une part parce qu’elle relève du respect des droits et des libertés et, d’autre part, parce que de nombreux experts estiment qu’il s’agit d’une des meilleures voies pour répondre aux défis alimentaires et environnementaux auxquels le monde contemporain doit faire face. Or, les réformes foncières se poursuivent à travers le monde, sans pour autant résoudre totalement les conflits dus à l’utilisation des terres. Ces derniers ont pour origine le développement de projets très divers : agroalimentaires, forestiers, hydroélectriques (barrages), miniers ou relatifs à des infrastructures (routières, ferrées, immobilières…). Le think tank Overseas Development Institute (ODI) et le cabinet britannique TMP Systems ont publié une nouvelle étude dans laquelle ils montrent que les différends entre investisseurs et populations locales liés à la revendication des terres et des ressources naturelles en Afrique se traduisent par des situations « perdant-perdant » pour toutes les parties. Ces conflits peuvent en effet entraîner pour les porteurs de projets (en particulier dans le secteur de l’agroalimentaire) des pertes financières considérables susceptibles d’aller jusqu’à la faillite. Le rapport attire l’attention sur le fait que les porteurs de projet intègrent insuffisamment cette dimension dans leur approche, par manque de temps ou par ignorance. Il présente également un outil, le Tenure Risk Tool (TRT), qui permet d’inclure dans les études de projet différents aspects essentiels : le consentement préalable, libre et éclairé des populations, des cartographies participatives, la conduite de processus dans le cadre des droits fonciers, l’établissement de mécanismes de résolution des plaintes…