Google ne reconduira pas son programme militaire Maven, très controversé

A la suite des révélations faisant état d’un contrat liant le Pentagone à Google pour le développement d’un système d’algorithmes permettant d’interpréter les images collectées par des drones grâce à l’intelligence artificielle (“ projet Maven ”), plusieurs milliers de salariés de l’entreprise américaine avaient signé une pétition demandant au président de la société de mettre un terme à ce contrat (voir IE n° 281). En réponse à cette “ rébellion ”, Google a publié, le 7 juin, des principes encadrant ses applications faisant intervenir l’intelligence artificielle (IA). Dans la foulée, Diane Greene, la directrice exécutive de la filiale Google Cloud directement concernée par le projet controversé, a souligné dans un blog que Google “ ne favoriserait pas l’usage de l’IA dans des systèmes militarisés ”. Elle a également tenu à préciser que même si le groupe ne reconduisait pas sa contribution au projet Maven après 2019 (information diffusée lors d’une réunion interne le 1er juin), le contrat en cours serait honoré.

L’IA est une technologie de rupture et, en tant que telle, elle suscite des craintes, en particulier sur son utilisation potentielle dans le domaine de l’armement. De nombreux experts se sont d’ores et déjà mobilisés pour alerter l’opinion et surveiller son développement. Ainsi, il y a quelques jours, une soixantaine de chercheurs ont publié une lettre ouverte appelant au boycott de l’université sud-coréenne KAIST, qui développe un programme d’armes utilisant l’IA en coopération avec la société sud-coréenne Hanwha Systems. Cette dernière était déjà sous surveillance pour son implication dans la production d’armes à sous-munitions. Ces armes sont interdites depuis le 1er août 2010 pour les signataires de la Convention sur les armes à sous-munitions. La Corée du Sud n’est pas signataire de la Convention. Aussi les associations d’activistes exercent-elles une pression sur les investisseurs afin que ces derniers cèdent leurs participations dans Hanwha. En décembre dernier, le fonds de pension britannique West Midlands Pension Fund a ainsi annoncé qu’après une tentative de dialogue infructueuse engagée avec Hanwha, il vendrait les titres détenus dans la société.