Des salariés de Google démissionnent pour protester contre le développement d’un projet militaire

Historiquement, Google s’est doté d’une solide culture d’entreprise qui explique en partie son succès. Parmi les principes structurant cette culture figurent une liberté absolue accordée à chacun dans son travail, l’entraide, ainsi que la possibilité pour les employés de débattre et de contester les décisions relatives aux produits. Mais depuis quelques semaines, ce dernier principe semble remis en cause. Plus de 4 000 salariés de l’entreprise ont en effet signé une pétition adressée au PDG de Google, Sundar Pichai, afin de lui demander de mettre un terme au programme mené par la société pour le compte du Pentagone, connu sous le nom de « projet Maven ». Dans ce cadre, Google aide le département de la Défense à mettre au point un système d’algorithmes permettant d’interpréter les images collectées par les drones grâce à l’intelligence artificielle et à l’apprentissage automatique.

Pour les signataires de la pétition, Google ne doit être impliqué dans aucun projet militaire, a fortiori lorsque celui-ci est susceptible d’avoir des implications létales. A leurs yeux, persévérer dans cette collaboration « va irrémédiablement ternir l’image de Google et son attractivité auprès des talents ». Constatant que la société persiste dans la poursuite de ce programme, mais aussi que le management montre une moindre propension à la transparence et à la prise en compte du point de vue des salariés, une douzaine d’entre eux ont dernièrement remis leur démission. La demande des pétitionnaires est appuyée par des chercheurs et des professionnels intervenant dans le domaine de l’intelligence artificielle, et notamment par la Tech Workers Coalition – qui appelle toutes les entreprises technologiques à rester à l’écart du « commerce de la guerre » – et par l’International Committee for Robot Arms Control (ICRAC), pour qui la contribution de Google au projet Maven va accélérer le développement des armes totalement autonomes et qui invite l’entreprise à soutenir la mise en place d’un traité international interdisant le développement de ces armes.