Au Nigeria, Shell reconnaît qu’il a négocié avec un « blanchisseur » d’argent notoire

Le 30 mars 2016, la presse italienne annonçait l’ouverture par le parquet de Milan et le parquet national antifraude néerlandais d’une enquête pour corruption internationale à l’encontre de la compagnie anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell (voir IE n° 234). Cette enquête faisait suite à des soupçons sur les modalités d’attribution d’une licence d’exploration du block OPL 245 en avril 2011, impliquant Shell et la société italienne Eni. Les deux entreprises avaient obtenu le permis pour 1,1 milliard de dollars. Mais au lieu d’être transféré dans les caisses de l’Etat, le montant de la transaction avait été versé sur les comptes de la Malabu Oil and Gas, une société détenue par Dan Etete, ministre du Pétrole du dictateur Sani Abacha de 1995 à 1998, cette opération se soldant par un détournement de tout ou partie de la somme destinée à l’Etat. Jusqu’alors, Shell avait toujours affirmé sa conviction que la somme avait finalement été versée au gouvernement nigérian. Mais le groupe a récemment changé sa version des faits après que les associations Global Witness et Finance Uncovered ont révélé, le 10 avril dernier, l’existence de courriels montrant que des représentants de Shell, dont le président Peter Voser, avaient négocié avec Dan Etete, et ceci dès 2010. Cette information a été confirmée par Andy Norman, le responsable des relations avec les médias au sein du groupe, qui a ajouté que cette démarche était, selon Shell, cohérente avec la position du gouvernement fédéral. De son côté, ENI a indiqué qu’aucun élément ne permettait d’affirmer que des collaborateurs avaient été impliqués dans des malversations.