Faut-il accroître le gaspillage alimentaire pour nourrir le monde ?

Lors de l’assemblée générale du 26 janvier 2016, les dirigeants de Sodexo ont affirmé à plusieurs reprises leur engagement dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Selon la Food and Agriculture Organization (FAO, Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), chaque année, dans le monde, 1,3 milliard de tonnes de denrées alimentaires seraient perdues (en amont : au moment de la récolte, du stockage, de l’acheminement…) ou gaspillées (en aval : lors de la distribution, de la consommation…), soit le tiers de la production mondiale, alors que 868 millions de personnes sont sous-alimentées. Face à ce constat, des entreprises, comme Sodexo, multiplient les partenariats pour redistribuer à des associations la nourriture destinée à être jetée. Cette lutte se fait en bout de chaîne : les surplus de plusieurs établissements du groupe sont ainsi distribués (Restos du cœur, centres de réinsertion, etc.). Mais outre que cette démarche n’intervient que sur une faible part des pertes et gaspillages de la chaîne, elle aboutit à une situation paradoxale : plus le gaspillage de la restauration est important, plus le groupe peut fournir de repas à des personnes en difficulté. De plus, la production excédentaire de nourriture a un coût économique (12 à 20 milliards d’euros en France) et écologique (émission de 3,3 gigatonnes de gaz à effet de serre par an sur un total de 43 gigatonnes de GES produits par l’activité humaine à l’échelle de la planète). Du coup, d’autres initiatives visent à combattre le gaspillage sur l’ensemble de la chaîne de production. Ainsi, l’initiative Champions 12.3, composée de représentants de gouvernements, d’entreprises, d’ONG, etc., lancée lors du sommet de Davos 2016, vise à diviser par deux le gaspillage alimentaire par habitant d’ici à 2030 en agissant à toutes les étapes de la production alimentaire. A grande échelle, cette initiative pourrait, entre autres, permettre de préserver les sols et autres ressources, de réduire les coûts et de maintenir le pouvoir d’achat des acteurs de taille modeste.