La faiblesse des salaires dans de nombreux pays où la main-d’œuvre est abondante va drainer de plus en plus de travailleurs vulnérables vers l’Arabie saoudite

L’organisation de la Coupe du monde de football au Qatar en 2022 a suscité de nombreuses critiques, notamment à propos des conditions de travail des migrants appelés pour construire les gigantesques infrastructures nécessaires à l’événement. À la suite de ce mouvement international, le droit du travail du pays a été légèrement amendé. Mais on est encore très loin des normes internationales, et ce d’autant que l’application de la loi laisse souvent à désirer.

L’organisation du Mondial en Arabie saoudite en 2034 va provoquer les mêmes réactions. Dans ce pays, la main-d’œuvre migrante représenterait déjà 70 à 80 % de la population active, soit plus de 13 millions de personnes. Les grands chantiers internationaux attirent les travailleurs du monde entier et, en particulier, ceux qui sont originaires d’Asie du Sud, où les salaires sont très bas. Et ce ne sont pas les coups de pouce des gouvernements locaux qui remettront en question ces flux.

Ainsi, le 15 juillet 2025, le salaire minimum népalais a été revalorisé de 13 % pour s’établir à 19 550 roupies népalaises par mois (122 euros). Il s’applique à tous les travailleurs et travailleuses, à l’exception de ceux employés dans les exploitations et plantations de thé. Au Népal, le salaire minimum est réévalué tous les deux ans. Les syndicats réclamaient 30 443 roupies, mais ont finalement accepté les termes de l’accord. Le Bangladesh est aussi un grand pourvoyeur de main-d’œuvre des pays du Golfe. Dans un climat social encore très délicat, l’État a décidé fin 2024 de porter le salaire minimum mensuel à 12 500 takas (90 euros). Malgré cette augmentation, on reste très loin d’une rémunération permettant de vivre dignement. La situation n’est pas plus enviable au Sri Lanka, où la rémunération moyenne est l’une des plus basses au monde et où le salaire minimum mensuel a récemment été porté à 27 000 roupies sri lankaises (79 euros).

Dans ces pays, le salaire minimum est très en deçà des rémunérations décentes réclamées par les organisations syndicales et les associations de défense des droits humains. De plus, de nombreux travailleurs ne touchent même pas ces montants. Sur un autre continent, en Égypte, pays de plus de 100 millions d’habitants, le salaire minimum a été porté à 7 000 livres égyptiennes (125 euros) par mois en mars 2024. Mais il ne s’applique pas à tout le monde. Des chercheurs estiment qu’au moins la moitié de la main-d’œuvre du pays est exclue de son champ d’application : secteur informel, petites entreprises, travailleurs temporaires… C’est aussi le cas dans certaines grandes entreprises et dans l’administration. Ces conditions participent au contexte qui favorise l’exploitation des travailleurs sur les grands chantiers internationaux.