À El Paso (Texas), les électeurs s’opposent à une très large majorité à une proposition visant à accélérer la transition écologique dans leur ville

Les dilemmes sont inhérents à l’approche de responsabilité globale des entreprises. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne la question de la transition écologique. Les enjeux écologiques sont souvent confrontés aux préoccupations sociales. Cela s’est confirmé à El Paso (Texas). Le 7 février 2023, le conseil municipal de la ville a adopté deux ordonnances. La première appelait à une élection spéciale demandant aux électeurs d’El Paso d’examiner 10 amendements à la charte de la ville proposés par le conseil. La seconde suggérait un vote supplémentaire sur la base d’une pétition de citoyens (dirigée par l’association locale de justice climatique Sunrise El Paso) : la proposition K.

Cette dernière recommandait d’ajouter un article IX à la charte afin de « définir une politique climatique obligeant la ville à se servir de toutes les ressources disponibles et son autorité pour atteindre trois objectifs : réduire la contribution de la ville au changement climatique, investir dans un avenir durable sur le plan environnemental et faire avancer la cause de la justice climatique ». La section 9.9 prévoyait ainsi que d’ici 2045, l’intégralité de l’énergie utilisée dans la ville soit d’origine renouvelable. Sur les 455 223 électeurs inscrits, seuls 12 % se sont déplacés le 6 mai. Ils ont rejeté à une très large majorité (81,6 %) la proposition K. Les opposants à cette initiative – parmi lesquels des entreprises et des associations professionnelles intervenant dans le secteur de l’énergie et/ou des combustibles fossiles – avaient dépensé plus de 1 million de dollars dans le cadre de la campagne qui a précédé le scrutin.

Les responsables de Sunrise El Paso ont dénoncé la campagne de désinformation grossière menée par les opposants à la « Prop K ». Ils ont aussi regretté que les quelque 39 000 signataires de la pétition, en majorité des jeunes, ne se soient pas déplacés pour voter. Ils restent cependant optimistes dans la mesure où cette initiative alimente, au plan local, un débat dans un État où tout est fait pour contrer les actions en faveur du climat, y compris sur les plans législatif et réglementaire.