Les agences de placement de travailleurs migrants semblent prospérer : le cas des Philippines et de la Pologne

Un peu partout dans le monde, les migrants sont la proie de trafiquants sans scrupule. Dans des situations précaires, ils acceptent souvent le premier travail venu, au risque de se retrouver dans des conditions qui s’apparentent à de l’esclavage. Mais même lorsque ces transferts transfrontaliers sont autorisés, des sociétés de placement, plus ou moins légales, sont à l’affût. C’est par exemple le cas au Royaume-Uni, où des ouvriers indonésiens sont rackettés pour pouvoir participer à la cueillette de fruits dans certaines fermes du pays.

Ces intermédiaires qui proposent une main-d’œuvre bon marché semblent prospérer à travers le monde, y compris en Pologne, qui fait partie des nouvelles destinations migratoires. C’est ce que révèle le journal en ligne Al Jazeera dans un article du 27 mars 2024. À partir de plusieurs témoignages, le média explique les mécanismes qui plongent certains Philippins à la recherche d’une vie meilleure dans une situation précaire.

Des agences, généralement non autorisées par les autorités, recrutent les candidats à travers des annonces publiées en ligne ou sur les réseaux sociaux, en leur promettant un emploi stable, un salaire attractif, un logement décent, une résidence permanente sur le territoire de l’UE, voire la citoyenneté européenne. Mais finalement, ces personnes se retrouvent à des milliers de kilomètres de chez elles, en situation irrégulière et après avoir payé des milliers de dollars à l’agence de recrutement.

L’enquête révèle que ces travailleuses et travailleurs finissent bloqués dans différentes localités polonaises, sans permis de séjour, placés dans des logements surpeuplés, incapables de récupérer les montants versés aux agences, travaillant par intermittence pour des sous-traitants d’usines de poulets, de poissons, de revêtements de sol. Leurs salaires, de l’ordre de 12 à 20 zlotys de l’heure (2,80 à 4,70 euros), leur permettent à peine de faire face au coût de la vie. L’Organisation internationale pour les migrations de l’ONU (OIM) estime qu’environ 30 000 Philippins travailleraient actuellement en Pologne.