On connaît depuis des années les effets négatifs potentiels du remplacement de l’allaitement maternel par une alimentation de substitution pour la santé des enfants des pays pauvres, particulièrement depuis la célèbre enquête, lancée en 1974 par l’association britannique War on Want, Nestlé tue des bébés. La mobilisation internationale qui avait suivi avait notamment abouti à l’adoption par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 1981, du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel. La revue britannique The Lancet a publié le 28 janvier une analyse approfondie réalisée à partir de 1 300 études internationales sur les conséquences de l’allaitement prolongé, la plus exhaustive réalisée à ce jour. Les chercheurs constatent que les bienfaits de l’allaitement maternel concernent tous les pays. Dans les pays riches, où 20 % des enfants sont allaités jusqu’à l’âge d’un an, l’allaitement réduirait de plus d’un tiers les cas de mort subite du nourrisson. Dans les pays à revenu moyen ou faible (où un tiers des enfants est allaité exclusivement au cours des six premiers mois de leur vie), cette pratique pourrait éviter la moitié des diarrhées et un tiers des infections respiratoires. Au total, ce sont 820 000 bébés dans le monde qu’un allaitement prolongé pourrait sauver chaque année, mais aussi 20 000 décès dus à un cancer du sein ou des ovaires qui pourraient être évités. Les chercheurs regrettent également les publicités agressives pour les laits de substitution, qui affaiblissent les efforts en faveur de l’allaitement maternel.