L’économie circulaire se développe peu à peu, mais elle reste embryonnaire si l’on compare son ampleur aux enjeux sous-jacents. Pour que son développement soit viable, trois conditions au moins doivent être réunies : des « gisements » abondants, un coût d’« extraction » de ces gisements acceptable, une bonne qualité de « raffinage » des déchets. Par ailleurs, d’un point de vue purement économique, l’injection de matières ou de composants issus du recyclage dans un processus de fabrication n’est intéressante que si leur coût est inférieur à celui de matériaux neufs ou de matières vierges. Plusieurs facteurs doivent être combinés pour obtenir un tel résultat : la pleine intégration des paramètres qui attribuent aux composants neufs ou aux matières vierges leur coût réel (capacité de renouvellement et rareté des ressources, protection de l’environnement, progrès social…), l’organisation de filières permettant d’exploiter au mieux les « mines urbaines », l’introduction d’incitations ou de pénalités d’ordre financier ou « réputationnel » pour inviter les acteurs à adopter des pratiques vertueuses. Dans une perspective de développement durable, ces conditions ne peuvent se concevoir indépendamment les unes des autres, sauf à prendre le risque d’initier un nouveau cercle vicieux : une augmentation du volume de matières secondaires exploitables, qui entraînerait un gonflement de la demande en matières premières et en composants neufs bon marché, ce qui s’accompagnerait en conséquence d’une pression accrue sur l’environnement et les droits sociaux.