Mi-juillet, Total a annoncé la finalisation d’un emprunt de 15 milliards de dollars pour financer son projet Mozambique LNG (un record pour le continent africain) pour lequel la Société générale a été mandatée comme conseiller financier. Le projet mozambicain de Total est observé avec la plus vive attention par le monde associatif (IE n° 326). Au-delà de sa finalité (valorisation de ressources fossiles), il est critiqué pour le risque de violation des droits humains qu’il fait courir aux populations. Immanquablement, dans les pays où l’état de droit est déficient, les zones pourvues de richesses font l’objet de luttes pour en prendre le contrôle ou empêcher la partie adverse d’en bénéficier. Dans la plupart des cas, les populations civiles en paient les conséquences, victimes des combats, de représailles parce que soupçonnées de soutenir l’un des protagonistes, d’actions terroristes… Les ouvriers intervenant sur les chantiers sont également menacés.
Ainsi, le 27 juin, huit personnes travaillant pour Fenix Constructions Service, un sous-traitant de Total sur Mozambique LNG, ont été tuées à la suite d’une embuscade menée contre le bus les transportant. Trois autres travailleurs sont portés disparus. Par ailleurs, le 12 août, les médias locaux ont indiqué que la ville portuaire de Mocímboa da Praia – qui occupe une position clé dans le projet gazier de Total – venait, pour la troisième fois, de tomber aux mains de rebelles liés à l’Etat islamique. Les forces gouvernementales ont annoncé, le lendemain, avoir lancé une offensive pour reprendre le contrôle du port aux insurgés, qui utilisent les populations comme bouclier. Le 24 août, le groupe pétrolier et le gouvernement mozambicain ont signé un protocole d’accord pour assurer la sécurité du site. Une task force conjointe va être créée. Total et ses partenaires fourniront un soutien logistique. Aucun détail sur la nature du soutien et la composition de cette task force n’a été dévoilé. Le gouvernement s’est cependant engagé à ce que cette dernière agisse selon les principes sur la sécurité et les droits de l’Homme. Reste à vérifier que la réalité s’aligne sur cet engagement volontaire. Dans le passé, un peu partout dans le monde, les faits ont malheureusement démontré que les « dérapages » étaient la règle.