La presse algérienne a indiqué que le 3 mars, la direction du Commerce de la wilaya de Blida avait procédé à la fermeture de l’usine de Danone Djurdjura Algérie (DDA), ainsi qu’à la mise sous scellés de ses équipements de production. Cette décision intervient après deux visites inopinées effectuées par la Direction de la concurrence et des prix (DCP) le 19 février et le 2 mars, qui avaient permis la découverte de 600 kg d’arômes périmés depuis le 15 janvier 2020 et de 150 kg périmés depuis le 19 décembre 2019. Les autorités ont également demandé le retrait des produits concernés par ces arômes mis sur le marché depuis le 15 janvier. Un dossier va être transmis à la justice qui décidera des suites à donner. De son côté, l’entreprise a réfuté ces allégations en précisant qu’elle n’utilisait « en aucun cas ces matières premières dont la date est arrivée à échéance » et que son « processus de production [était] tout à fait conforme à [ses] procédures internes et à la réglementation algérienne ». Par ailleurs, elle se dit prête à collaborer avec les autorités pour clarifier la situation. Danone a également constaté sur les réseaux sociaux l’existence d’images censées montrer le site de Blida, mais qui, en réalité, concernent une ligne de production désaffectée depuis plusieurs mois. DDA emploie 1 400 personnes et travaille avec 900 éleveurs locaux.
Cette affaire intervient dans un contexte particulier. Peu de temps après sa nomination le 4 janvier, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a en effet déclaré qu’il allait mener une guerre contre les spéculateurs et la « mafia » qui contrôlent le secteur sensible du lait. Il a également annoncé, fin février, qu’il avait officiellement demandé à l’ambassadeur d’Arabie saoudite de relancer un projet avec le géant laitier saoudien Almarai (dont la stratégie reste néanmoins contestée pour la préférence accordée aux grandes fermes au détriment des petits producteurs). Certains observateurs n’hésitent pas à établir un lien entre ces affaires et à faire un parallèle avec les difficultés rencontrées par Centrale Danone au Maroc en 2018 (voir IE). Le groupe Almarai avait alors été également pressenti pour l’ouverture d’une usine au Maroc. Ces épisodes indiquent que les situations « complexes » (et donc risquées sur le plan de la réputation) peuvent exister dans de nombreux secteurs d’activité dès lors que ces derniers revêtent une dimension stratégique. De toute évidence, au Moyen-Orient et au Maghreb, le lait entre dans cette catégorie et exige des précautions renforcées.