L’annonce faite par Sanofi Pasteur en mai 2014 du succès du premier test d’efficacité de phase III pour son candidat vaccin contre la dengue (Dengvaxia) avait suscité de grands espoirs. Mais depuis, plusieurs études ont montré les effets indésirables et les dangers potentiels d’une administration du vaccin à mauvais escient (voir IE). Et depuis la fin de 2017, le torchon brûle entre le laboratoire pharmaceutique français et les autorités philippines qui lui avaient demandé d’organiser le retrait du Dengvaxia du marché et avaient ouvert plusieurs enquêtes. Le 1er mars dernier, le ministère philippin de la Justice a annoncé que six responsables de Sanofi Pasteur ainsi que quatorze responsables actuels ou passés des services de santé philippins allaient être inculpés dans l’enquête sur le décès de dix enfants ayant reçu le vaccin. Le ministère a invoqué un « manque inexcusable de précaution et de prévoyance » ayant entraîné la mort, du fait d’irrégularités et d’erreurs dans la mise en œuvre du programme de vaccination. Il a également relevé que le gouvernement avait enregistré et acheté le Dengvaxia avec une hâte excessive. Même si Sanofi récuse les accusations, cette affaire diminue les chances que le Dengvaxia puisse répondre aux ambitions placées par la direction dans ce produit lors de son lancement.