La plate-forme de e-commerce Amazon emploie plus de 1,5 million de personnes à travers le monde, dont plus de 1 million aux États-Unis, où elle dispose de plus d’une centaine de centres de distribution. Dans ce pays, un seul entrepôt est actuellement pourvu d’un syndicat, à Staten Island (État de New York) depuis avril 2022. Mais Amazon refuse de le reconnaître. En 2021, les salariés du centre de Bessemer en Alabama avaient aussi tenté d’instaurer un syndicat, sans succès. Le National Labor Relations Board (NLRB) avait néanmoins ordonné de nouvelles élections en raison d’irrégularités. Celles-ci se sont tenues en mars 2022, mais ont à nouveau abouti à un échec pour le syndicat. Cependant, le 5 novembre 2024, le NLRB a une nouvelle fois exigé que de nouvelles élections aient lieu, toujours pour cause d’irrégularités.
Chez Amazon aux États-Unis, la création d’un syndicat requiert donc une certaine ténacité. C’est ce qui semble animer le révérend Ryan Brown, qui a cofondé les Carolina Amazonians United for Solidarity and Empowerment (CAUSE). Ce groupe s’est constitué au début de l’année 2022 en vue de former un syndicat dans le centre de Garner, en Caroline du Nord (RDU1), et de représenter ses quelque 4 700 salariés. Dans le RDU1, le salaire de départ s’établit à 18 dollars de l’heure, et il est plafonné à 20,90 dollars, très en dessous du salaire vital calculé par le MIT. Les salariés ne bénéficient que d’une demi-heure de pause payée sur une journée de dix heures et demie. Nombre d’entre eux travaillent 60 heures par semaine pour subvenir à leurs besoins. Il n’y a aucun personnel médical qualifié sur place malgré un taux d’accidents du travail supérieur de 70 % à celui des entrepôts non Amazon. La demande de syndicalisation a été approuvée par le NLRB le 7 janvier 2025, et les élections devraient se tenir du 10 au 15 février. La campagne s’avère intense, et CAUSE accuse Amazon d’avoir licencié trois militants syndicaux en 2024, dont le révérend Brown.