Les salariés d’Amazon échouent à instaurer un syndicat à Bessemer en Alabama. Ceux de Staten Island y parviennent

Au printemps 2021, les élections en vue d’instaurer le premier syndicat dans un entrepôt d’Amazon aux États-Unis (Bessemer, Alabama) ont défrayé la chronique (IE n° 343). Les partisans de son instauration ont largement perdu le scrutin (738 salariés ont voté pour et 1 798 se sont prononcés contre). Néanmoins, la fédération syndicale organisatrice (le RWDSU) a contesté ces résultats en évoquant des interférences de la part de l’entreprise dans le déroulement du vote. En novembre dernier, le National Labor Relations Board a donc ordonné un nouveau vote. De nouvelles élections ont eu lieu en mars 2022.

Les résultats, annoncés le 31 mars, ont entériné la défaite des salariés favorables au syndicat, mais avec un écart nettement plus réduit qu’en 2021 (875 pour et 993 contre). De plus, 416 bulletins sont contestés et n’ont pas encore été comptabilisés, ce qui pourrait inverser le résultat. Il faudra donc attendre quelques semaines avant sa proclamation définitive. En revanche, la participation électorale est beaucoup plus faible qu’en 2021. Seulement 38 % des 6 153 salariés éligibles se seraient exprimés, contre plus de 50 % en 2021.

À l’inverse, les salariés d’un autre entrepôt du géant du numérique situé à Staten Island (New York) ont remporté une large victoire en faveur de la syndicalisation de leur site. Sur les 8 325 électeurs éligibles, 2 654 ont voté pour et 2 131 ont voté contre. De plus, soixante-sept bulletins ont été contestés et dix-sept, annulés. L’entrepôt de Staten Island, connu sous le nom de JFK8, devient ainsi le premier site d’Amazon aux États-Unis à se doter d’un syndicat. À la différence de Bessemer, où l’action avait été déclenchée grâce au soutien d’une fédération créée il y a quatre-vingt-cinq ans, le Retail, Wholesale and Department Store Union (RWDSU), l’initiative de Staten Island l’a été sous l’impulsion d’une organisation nouvellement créée : l’Amazon Labour Union (ALU).

Christian Smalls, le président d’ALU, est l’une des figures marquantes du mouvement. Il a été licencié de l’établissement en mars 2020 après avoir mené une grève pour protester contre les problèmes de santé et de sécurité liés à la pandémie de COVID-19. Le résultat a surpris les observateurs, car les moyens de son organisation étaient dérisoires (environ cent mille dollars de dons collectés via une plate-forme de financement participatif). Mais l’exemple des employés de Bessemer a sans doute été déterminant pour le succès de ceux de Staten Island. De plus, New York compte le deuxième plus grand nombre de syndicats du pays, alors qu’en Alabama, le taux de syndicalisation est faible.

Quoi qu’il en soit, la dynamique semble amorcée face à l’un des bastions de la lutte antisyndicale. Ainsi, les travailleurs d’un troisième entrepôt également situé à Staten Island (LDJ5) voteront, à partir du 25 avril, sur l’opportunité de former un syndicat.