La société australienne Woodside Energy (anciennement Woodside Petroleum) est habituée à la contestation de ses actionnaires. Lors de son assemblée générale de 2020, l’association Australasian Centre for Corporate Responsibility (ACCR) avait déposé trois projets de résolution. Elle demandait l’introduction dans le rapport annuel du groupe de certaines informations liées au climat (objectifs de réduction des émissions de GES pour les scopes 1, 2 et 3 en lien avec ceux de l’accord de Paris, précisions sur les incitations intégrées à la politique de rémunération pour atteindre ces objectifs, etc.). Elle réclamait ensuite une revue des activités de lobbying (directes et indirectes) de la compagnie sur les questions climatiques et énergétiques. Elle souhaitait enfin obtenir une analyse de la communication institutionnelle du groupe et du secteur. Les deux premiers projets ont respectivement recueilli 50,16 et 42,66 % des suffrages, alors que le troisième n’a récolté que 2,71 % des votes.
Cette année, lors de l’assemblée de la compagnie qui a eu lieu le 24 avril 2024, 58,4 % actionnaires ont rejeté son plan de transition climatique. Quelques jours avant, le président du groupe, Richard Goyder, avait contesté l’analyse des actionnaires. Il avait estimé que les demandes de certains investisseurs et parties prenantes visant à modifier radicalement la stratégie et les priorités d’investissement de Woodside risquaient d’éroder la valeur pour tous les actionnaires et de contribuer à une transition énergétique désordonnée.
Durant, l’assemblée, la directrice générale de Woodside, Meg O’Neill, a défendu le plan de transition de l’entreprise. Elle a affirmé que celle-ci était en bonne voie pour remplir ses objectifs de réduction des émissions des scopes 1 et 2 de 15 % d’ici 2025 et de 30 % d’ici 2030. Mais ces cibles ont été scrutées, et plusieurs investisseurs ont partagé leurs doutes quant à la manière de les atteindre. Selon certaines estimations, plus de 80 % des nouveaux investissements de Woodside sont en effet axés sur les combustibles fossiles.