La préoccupation des grands patrons pour le développement durable progresse. Mais à court terme, le rendement financier reste prioritaire

Le cabinet d’audit et de conseil EY a publié fin avril 2024 son étude CEO Outlook Pulse Survey. EY a interrogé 1 200 P.-D.G. de grandes entreprises et 300 investisseurs institutionnels répartis dans 21 pays. Les résultats font ressortir que 54 % des responsables d’entreprise ont déclaré qu’eux et leurs conseils d’administration accordaient une plus grande priorité au développement durable qu’il y a 12 mois. À l’inverse, 23 % ont avoué que le développement durable n’était plus une priorité dans leur société, principalement en raison de difficultés économiques ou financières.

C’est en Amérique que la proportion de personnes interrogées reconnaissant une augmentation de la priorité octroyée à la durabilité est la plus forte (62 %), et que la baisse d’intérêt donnée à ce thème est la plus faible (16 %). En Europe, 51 % des interviewés admettent une priorité croissante, et 27 % d’entre eux accordent au développement durable une moindre attention. En Asie-Pacifique, les chiffres sont respectivement de 49 et 25 %.

L’enquête montre aussi que pour les dirigeants, les questions liées au développement durable sont surtout une priorité à long terme. Seulement 16 % d’entre eux intègrent la décarbonation des modèles économiques et l’atteinte de la neutralité carbone comme l’une des trois principales priorités stratégiques au cours des 12 prochains mois. Sur cette période, la priorité est donnée à l’investissement dans la technologie et dans l’IA pour améliorer la croissance et la productivité (47 %). Toutefois, sur un horizon de 3 ans, la décarbonation est la priorité stratégique la plus souvent citée (43 %).

En ce qui concerne les investisseurs, seulement 28 % d’entre eux déclarent que la durabilité est une priorité plus élevée qu’elle ne l’était il y a 12 mois, et 35 % estiment que son niveau d’importance a baissé. Pour 73 % des P.-D.G., les investisseurs activistes sont plus préoccupés par les résultats financiers à court terme que par les performances à long terme liées à des critères de durabilité.

En revanche, dirigeants d’entreprise (73 %) et investisseurs (67 %) s’accordent pour dire que les firmes font preuve de discrétion sur leurs objectifs de développement durable (green-hushing) par crainte d’être accusées de greenwashing. Leurs avis convergent aussi sur le fait que le comportement des consommateurs n’est toujours pas aligné sur les objectifs de développement durable. De même, ils pensent à l’unisson que la technologie et l’IA détiennent les réponses à bon nombre des principaux défis de développement durable auxquels sont confrontées les sociétés.