Ce dernier point vient d’être confirmé par une compilation d’études de 637 pages sur le sujet. Ce document a été rendu public le 20 octobre. C’est la neuvième année que les organisations à l’origine de ce corpus, Physicians for Social Responsibility et Concerned Health Professionals of New York, se sont prêtées à l’exercice. Les conclusions sont les mêmes que lors de la première édition : l’extraction des hydrocarbures par fracturation hydraulique présente de nombreux dangers pour la santé.
Les études, rapports et articles recensés (près de 2 500 au total) font ressortir des risques comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, l’asthme et les malformations congénitales. En 2022 par exemple, la Yale School of Public Health a montré qu’en Pennsylvanie, les enfants qui ont grandi à moins d’un mile d’un puits de gaz naturel sont deux fois plus susceptibles que les autres de développer la forme la plus courante de leucémie juvénile. En août 2023, l’université de Pittsburgh a mis en lumière que les enfants vivant également à moins d’un mile d’un puits de production de gaz naturel avaient sept fois plus de risques de souffrir d’un lymphome que ceux qui vivaient à plus de 5 miles.
Les personnes vivant à proximité de sites de production et de distribution de pétrole et de gaz non conventionnels sont exposées à des polluants atmosphériques toxiques (benzène, formaldéhyde…), aux gaz d’échappement de moteurs diesel, aux particules fines et aux oxydes d’azote. Cela entraîne des problèmes respiratoires et cutanés, des troubles du système nerveux et des problèmes cardiaques à des taux plus élevés que la moyenne. Les eaux souterraines étatsuniennes sont contaminées par l’eau injectée dans le cadre du processus de fracturation. Sur environ 1 000 produits chimiques utilisés dans la fracturation hydraulique, une centaine seraient des perturbateurs endocriniens, et au moins 48 seraient potentiellement cancérigènes.
La Marcellus Shale Coalition, une organisation représentant l’industrie du gaz naturel de Pennsylvanie, a rejeté le recueil. Elle souligne que, s’agissant d’articles d’actualité, la moitié des documents ne sont pas examinés par des pairs. Elle cite aussi une analyse faite par des épidémiologistes de Pennsylvanie et du Colorado sur une étude portant sur la santé des personnes vivant à proximité d’opérations pétrolières et gazières, réalisée par l’International Journal of Environmental Research and Public Health et parue en 2019. L’analyse a conclu que 4 des 20 études n’avaient qu’un niveau de certitude « modéré » quant à l’existence d’un lien entre la fracturation hydraulique et les impacts négatifs sur la santé. Les autres avaient un niveau de certitude « faible ».
Sandra Steingraber, la principale auteure de la compilation, estime que les méthodes utilisées par la coalition sont obsolètes, et n’ont pas d’autre objectif que de semer le doute et la confusion dans les esprits. Elle ajoute que si les rapports gouvernementaux inclus dans le recueil ne sont pas examinés par des pairs, comme le sont les recherches universitaires, ils fournissent des informations importantes qui sont vérifiées avant publication.