En 2021, la société brésilienne JBS, la plus grande entreprise de viande au monde, a émis pour 3,2 milliards de dollars d’« obligations vertes » aux États-Unis. Ces titres sont liés à ses objectifs de développement durable et à son but d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. Mais, le 17 janvier 2023, l’organisation écologiste américaine Mighty Earth a déposé une plainte auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), alléguant que JBS avait trompé les investisseurs. Le groupe conteste ces accusations et rappelle les actions qu’il mène pour réduire son empreinte carbone.
De son côté, Mighty Earth souligne que : JBS enregistre, et de loin, le volume d’émissions de GES le plus élevé de toutes les entreprises agroalimentaires ; ces rejets ont continué à augmenter ces dernières années ; certains de ses fournisseurs sont impliqués dans la destruction de la forêt amazonienne, et JBS ne prévoit pas d’arrêter totalement la déforestation dans sa chaîne d’approvisionnement à l’échelle mondiale avant 2035 ; le groupe ne divulgue pas certaines informations capitales comme le nombre d’animaux abattus chaque année ; les objectifs de réduction des rejets de GES d’ici 2030 portent sur l’intensité carbone, et non pas sur le volume en valeur absolue ; les émissions de scope 3 ne sont pas prises en compte dans les indicateurs sur lesquels s’appuiera le coût final des émissions obligataires… Or, le scope 3 représente environ 97 % des rejets de la chaîne de valeur du groupe.
JBS affirme ne pas avoir induit les investisseurs en erreur. Elle déclare que les objectifs associés à ses obligations ne se rapportent qu’aux émissions des scopes 1 et 2, et, en effet, à l’intensité de ses émissions. Elle ajoute que ces titres ne sont pas destinés à financer l’ensemble du processus de décarbonation. Ils sont clairement conçus et structurés pour financer les installations sous le contrôle de l’entreprise. Mais c’est bien ce qui embête Mighty Earth, qui voit dans cette approche une manière pour la société de verdir son image auprès des investisseurs alors qu’elle ne s’attaque pas au cœur du problème. Par son action, l’association espère que la SEC imposera des sanctions et des obligations à la firme brésilienne.