Nous traversons une très grosse crise systémique. Et, bien entendu, cela est douloureux. Mais, comme souvent, les difficultés ne sont pas équitablement partagées. Sur le plan du climat, les inondations catastrophiques qui ont touché le Pakistan en sont un exemple. Conséquence de plusieurs phénomènes (précipitations accrues, fonte ultrarapide des glaciers…), elles ont causé la mort de plus de 1 300 personnes, affecté des dizaines de millions d’autres et produit des dégâts considérables (habitations, terres agricoles…). Pourtant, l’empreinte carbone du pays est faible. Les initiatives pour contrer ces difficultés se multiplient dans de nombreux domaines. Haarlem entend ainsi devenir la première ville au monde à restreindre la publicité pour la viande. Au Royaume-Uni, une réclame de la marque Persil a été prohibée pour greenwashing. En Afrique du Sud, la société civile a obtenu l’annulation d’un permis d’étude sismique de Shell au large du pays… Mais les adversaires résistent, et même contre-attaquent. Le Texas a publié une liste de sociétés financières dont les politiques ESG leur interdisent désormais de figurer dans les portefeuilles des caisses de retraite. La compagnie pétrolière Rockhopper a reçu une indemnité substantielle de la part de l’État italien qui lui avait retiré un contrat d’exploration pétrolière pour des raisons écologiques… Les questions climatiques masquent les problématiques sociales. Elles n’ont cependant pas disparu, comme le rappelle un cas de migrants indonésiens amenés au Royaume-Uni pour des travaux agricoles saisonniers et qui se retrouvent dans une situation de servitude pour dette.