Une étude réalisée par l’ONG Global Witness a déterminé que 90 % des exportations rwandaises de coltan, d’étain et de tungstène étaient introduites illégalement dans le pays depuis la République démocratique du Congo (RDC). Ces métaux sont aujourd’hui très largement utilisés dans les téléphones portables, les ordinateurs ainsi que dans les secteurs automobile et aéronautique. L’enquête révèle que l’Initiative de la chaîne d’approvisionnement de l’étain (iTSCi), un mécanisme qui a pour objectif de fournir une chaîne de traçabilité fiable de ces minerais, facilite, en réalité, leur contrebande et leur blanchiment lorsqu’ils sont originaires de RDC.
En principe, l’iTSCi garantit que les mines n’emploient pas d’enfants et que leur exploitation n’alimente pas les conflits en bénéficiant à des groupes armés ou aux forces congolaises qui s’affrontent dans l’est du pays. Concrètement, en RDC, les minerais doivent provenir de mines validées par les autorités. Au Rwanda, l’administration doit vérifier que les minerais n’ont pas été introduits en contrebande depuis la RDC. Dans les deux pays, les fonctionnaires chargés de s’assurer du bon fonctionnement de l’iTSCi scellent et étiquettent les sacs de minerais avant que ceux-ci soient acheminés en vue de leur traitement ou de leur exportation.
Néanmoins, l’association affirme que les effectifs de l’iTSCi sont trop limités et que ses contrôles sont insuffisants pour dissuader le blanchiment de minerais. Certaines sources signalent même que, sur le terrain, des équipes de l’iTSCi collaborent avec les exploitants miniers et les autorités pour blanchir le minerai, et, dans certains cas, touchent des commissions. Par ailleurs, les agents de l’État sont souvent mal payés et compensent leur faible salaire en étiquetant le plus grand nombre de sacs de minerais possible.