Foodwatch dénonce le lobbying de l’ANIA pour éviter un encadrement de la publicité alimentaire

Faut-il réglementer, voire interdire la publicité pour les produits et services qui ont un impact négatif – ou qui sont susceptibles d’en avoir un – sur les personnes, l’environnement, la cohésion sociale, etc. ? Le débat prend de l’ampleur dans de nombreux pays, notamment la France. Le 11 novembre, l’association Foodwatch a dévoilé une lettre adressée le 28 octobre par l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA) à plusieurs ministres du gouvernement Castex, dont Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. Dans cette lettre, l’ANIA exprime son opposition à la proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat d’interdire la publicité pour les produits proscrits par le Programme national nutrition et santé (PNNS). Pour appuyer sa position, elle souligne qu’elle a adopté, en janvier dernier, une charte évaluée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) qui encourage les professions concernées à mettre en œuvre de bonnes pratiques afin de réduire l’exposition des enfants aux messages publicitaires en matière d’alimentation. Pour l’organisation professionnelle, les engagements pris dans cette charte sont suffisants.

Le 10 novembre, Foodwatch a, à son tour, adressé une lettre aux ministres. L’association conteste l’argument de l’ANIA en soulignant l’inefficacité des démarches volontaires. Jusqu’à présent, ces dernières n’ont pas évité aux enfants d’être surexposés « à la publicité et au marketing pour les produits trop sucrés, trop gras, trop salés » et n’ont pas permis de lutter contre la dramatique épidémie de surpoids et d’obésité chez les jeunes. À ce propos, l’association rappelle les conclusions de plusieurs rapports (Commission d’enquête parlementaire sur l’alimentation industrielle en septembre 2018, Cour des comptes sur la prévention et la prise en charge de l’obésité de novembre 2019, Santé publique France en juin 2020). Cette joute met aussi en exergue l’attention croissante que portent les parties prenantes des entreprises aux actions de lobbying menées par les associations professionnelles, parfois en contradiction avec les messages délivrés par certains de leurs membres.