Le développement des énergies propres va-t-il menacer les océans ?

A mesure que les énergies propres se développent, la demande en métaux et en terres rares (cobalt, nickel, zinc, cuivre, argent, or, lithium, etc.) augmente. Dans ce contexte, on constate un intérêt croissant pour l’exploitation des fonds marins (voir IE). Un nouveau Livre bleu, commandé par le Groupe de haut niveau pour une économie océanique durable, relève que l’exploitation minière des fonds marins est considérée comme la clé d’une transition rapide vers une énergie propre en raison d’avantages potentiels, tels que la mise à disposition de nouveaux gisements de métaux, l’apport de revenus supplémentaires pour les Etats, l’industrie et les populations, la stimulation de l’innovation technologique, un rejet moins intense de CO2, etc. Le Groupe estime cependant qu’il s’agit d’une option risquée. Car dans ce domaine, les impacts environnementaux sont mal connus. Il n’existe en effet à ce jour aucune étude analysant les impacts de l’exploitation minière des grands fonds marins à une échelle industrielle. Et les quelques recherches disponibles brossent un tableau inquiétant. La vie marine risquerait d’être perturbée pendant des décennies. Les modifications de l’environnement pourraient entraîner une perte de la biodiversité et des services écosystémiques, et peut-être même des extinctions locales.

La Convention des Nations unies sur le droit de la mer affirme que les minéraux des fonds marins dans les eaux internationales sont le patrimoine commun de l’humanité. L’extraction de ces minéraux et la protection du milieu marin relèvent de la compétence de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA). Ces deux mandats potentiellement conflictuels posent question, ainsi que la capacité de l’ISA à prendre en compte la dimension environnementale. Les auteurs de l’étude se demandent également si les avantages de l’exploitation iront réellement aux pays en développement comme prévu et profiteront aux générations futures. L’étude suggère que l’exploitation minière des fonds marins soit abordée avec précaution et selon un schéma évolutif, afin d’éviter et de minimiser les dommages aux habitats, aux communautés et aux écosystèmes. Il faudra prendre le temps nécessaire pour élaborer des réglementations et des plans environnementaux régionaux. Il est indispensable de bénéficier d’une bien meilleure connaissance des impacts environnementaux à plus grande échelle et d’avoir confirmation des avantages mondiaux des activités minières avant de poursuivre l’exploitation minière des fonds marins à une échelle industrielle. L’étude formule plusieurs propositions.