Dans le contexte de la crise sanitaire, les assureurs ne font pas preuve de solidarité

Il n’est pas certain que le secteur de l’assurance sorte grandi de la crise sanitaire. Partout dans le monde, les compagnies ont refusé d’indemniser certains sinistres liés au coronavirus. Le 22 avril par exemple, le président de l’Association des sociétés d’assurances du Cameroun (Asac) a indiqué que les décès consécutifs à la pandémie de Covid-19 ne donnaient pas droit à des indemnisations. En outre, les assureurs du pays ont estimé que cette exclusion s’étendait également aux soins. En France, et dans de nombreux pays, les compagnies ont également écarté la prise en charge des pertes d’exploitation durant la période de confinement, estimant que les contrats ne jouaient pas dans ces circonstances. Au vu du mouvement de désapprobation suscité dans l’opinion par ces annonces, on peut légitimement penser que si l’assemblée générale d’Axa n’avait pas eu lieu à huis clos, elle aurait été, sur ce sujet, le théâtre de réactions vives et nombreuses de la part des actionnaires.

Certains entrepreneurs, comme le restaurateur parisien Stéphane Manigold, ont d’ailleurs attaqué en justice leur compagnie (en l’occurrence Axa) et obtenu gain de cause. L’avocat toulousain Christophe Lèguevaques veut mettre la pression sur le secteur. Il a lancé une action collective sur la question des pertes d’exploitation pour établir un rapport de force et proposer aux sociétés d’assurance une transaction. En cas d’échec de la première étape, une procédure collective pourrait être initiée. Dans l’autre hémisphère, Santam, le principal assureur sud-africain (coté à la Bourse de Johannesburg), fait également face à des actions en justice de la part d’entreprises de tourisme. L’Insurance Claims Africa (ICA), qui recueille les réclamations d’assurance en Afrique australe, a déjà recensé quelque 500 assurés faisant état de pertes d’activité jugées non couvertes par les assureurs sud-africains, dont 200 clients de Santam. ICA envisage aussi d’engager des actions collectives si aucun accord n’est trouvé avec les compagnies. Comme partout, le libellé des polices sera au centre des discussions et l’enjeu financier est de taille. Aux Etats-Unis, l’American Property Casualty Insurance Association (APCIA) a indiqué que si le secteur devait indemniser les pertes de revenus liées à la pandémie, les sommes pourraient s’établir entre 255 et 431 milliards de dollars par mois, un montant qu’il s’estime incapable d’assumer. Mais en face, à travers le monde, la survie de dizaines de milliers d’entreprises est menacée.