En Amérique du Nord, les investisseurs se mobilisent sérieusement en faveur du climat

L’assemblée générale de la compagnie pétrolière Ovintiv (anciennement Encana), qui a récemment transféré son siège social de Calgary (Alberta, Canada) à Denver (Colorado, Etats-Unis), a eu lieu le 30 avril dernier. A l’occasion de cette assemblée, des actionnaires avaient déposé un projet de résolution non agréé par le conseil d’administration et qui demandait que la compagnie « divulgue des objectifs liés au climat qui soient conformes à l’objectif de l’accord de Paris de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale bien au-dessous des niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation à 1,5 °C ». En outre, le projet réclamait que ces objectifs abordent les opportunités et les principaux risques pour l’entreprise liés au climat, à moyen et à long terme, qu’ils soient quantitatifs, soumis à un examen régulier, et que les progrès par rapport à ces objectifs soient communiqués aux actionnaires sur une base annuelle. La résolution a recueilli 56,41 % des suffrages. Pour l’association canadienne d’actionnaires engagés SHARE, qui a soutenu ce projet de résolution, il s’agit d’un succès important qui montre la volonté des actionnaires d’accélérer la transition vers une économie verte à la sortie de la pandémie actuelle. Contrairement à bon nombre de ses pairs, Ovintiv n’a encore communiqué aucun objectif lié au climat, ce qui, pour SHARE, suscite chez les investisseurs une incertitude sur la gestion des risques climatiques par l’entreprise.

Lors de l’assemblée de Chevron le 27 mai dernier, une résolution externe demandant à la compagnie de produire un rapport publiant le degré d’adéquation de son lobbying avec l’accord de Paris a atteint une majorité de 53 % selon un premier décompte des votes. Ce résultat montre que les investisseurs considèrent désormais le lobbying comme un élément essentiel de la stratégie climatique d’une entreprise. Le projet a été mené par BNP Paribas AM et soutenu par les investisseurs signataires de l’initiative Climate Action 100+ et par BlackRock, le deuxième actionnaire du groupe. BlackRock a affiné sa stratégie lors de l’assemblée d’Exxon, qui a eu lieu le même jour, en critiquant directement le conseil d’administration de l’entreprise au sujet de sa politique vis-à-vis du changement climatique, en votant contre la réélection de deux de ses membres et en appelant à une séparation des fonctions de président du conseil et de directeur général.