Les marques d’habillement vont-elles soutenir sérieusement les salariés de leurs sous-traitants ?

En Asie du Sud et du Sud-Est, la crise sanitaire frappe de plein fouet l’industrie de l’habillement. Des grandes marques ont annulé leurs commandes, y compris celles dont les articles avaient déjà été produits (IE n° 320), ce qui met en danger des milliers de petites entreprises et des centaines de milliers d’emplois. Les décisions brusques et confuses des gouvernements locaux ont aggravé la situation. Ainsi, les autorités bangladaises ont suspendu les transports publics les 24 et 26 mars provoquant des déplacements de population massifs sur des moyens de transport de fortune bondés. Puis elles ont annoncé, le 5 avril, qu’aucune personne n’était autorisée à entrer ou sortir de Dhaka, la capitale. De nombreux travailleurs allant sur leur lieu de travail ont trouvé les usines fermées à leur arrivée. En « chômage partiel » ou ayant perdu leur emploi, la plupart d’entre eux se retrouvent sans revenus ou presque.

Le gouvernement a annoncé une aide de 588 millions de dollars pour soutenir ce secteur crucial qui emploie 4 millions de personnes. Mais les syndicats estiment ce montant nettement insuffisant. Primark est une des nombreuses entreprises à avoir annulé et suspendu leurs commandes. Vivement critiquée, la marque a annoncé qu’elle créerait un fonds pour aider à payer les salaires des ouvriers concernés par sa décision (au Bangladesh, Cambodge, Myanmar, Pakistan, Sri Lanka, Vietnam et en Inde). De son côté, H&M, le plus important acheteur de vêtements au Bangladesh, a indiqué, le 7 avril, qu’il était en pourparlers avec d’autres marques afin de trouver une solution pour soutenir le secteur. Cela étant, les dispositifs à venir sont encore flous et ne compenseront probablement qu’une partie des salaires perdus. Au Cambodge, la situation est tout aussi dramatique. Des chiffres officiels indiquent l’arrêt de la production de 91 ateliers de confection et le licenciement temporaire de 91 500 personnes. Le 7 avril, le gouvernement a annoncé que ces travailleurs percevraient l’équivalent de 70 dollars par mois… très loin du salaire minimum de 190 dollars.