La grande distribution doit s’investir davantage pour combattre l’antibiorésistance

Dans un communiqué, le 17 janvier dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a, une nouvelle fois, fait part de son inquiétude au sujet de l’antibiorésistance, qu’elle considère comme une menace majeure pour l’humanité. L’OMS constate que les soixante médicaments actuellement en développement (parmi lesquels cinquante antibiotiques) « apportent peu d’avantages par rapport aux traitements existants et [que] deux seulement ciblent les bactéries les plus résistantes ». Aussi l’organisation appelle-t-elle l’industrie pharmaceutique à s’investir davantage, notamment dans l’élaboration de médicaments innovants. Mais combattre l’antibiorésistance, c’est également réduire la consommation d’antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire. En ce qui concerne la santé animale, le danger résulte dans l’introduction excessive d’antibiotiques dans la chaîne alimentaire. L’organisation Alliance to Save Our Antibiotics est une coalition représentant plus de 500 structures européennes (ONG ou organisations issues du monde médical et de la santé). Elle vient de publier sa deuxième étude évaluant les politiques relatives aux antibiotiques des dix principales enseignes de la grande distribution présentes au Royaume-Uni.

Le document relève que depuis 2017, la plupart des entreprises ont réalisé des progrès significatifs pour réduire l’utilisation des antibiotiques dans l’agriculture, mais qu’il reste des marges d’amélioration importantes. Les trois marques accusant le plus grand retard sont le groupe allemand Aldi, la chaîne britannique de produits surgelés Iceland et Asda (filiale du géant américain Walmart). Le recours excessif aux antibiotiques favorise l’émergence de souches bactériennes résistantes. En outre, en permettant un élevage encore plus intensif, il contribue à augmenter la promiscuité entre les animaux, et donc également la propagation des virus dont certains peuvent évoluer et se transmettre à l’homme. L’étude attire l’attention sur le recours préventif systématique aux antibiotiques pour des animaux sains (plusieurs supermarchés ont déclaré qu’ils bannissaient désormais cette pratique) et l’utilisation de la colistine, un antibiotique de dernier recours pour lequel certaines souches bactériennes résistantes et potentiellement mortelles ont été isolées chez l’homme. Seuls Waitrose et M&S interdisent l’utilisation de la colistine à leurs fournisseurs.