L’industrie automobile divisée face à la politique anti-climat de Donald Trump

Sous l’administration Obama, la Californie s’était engagée dans une démarche visant à imposer l’une des normes les plus ambitieuses au monde en matière de réduction des rejets de dioxyde de carbone des véhicules. Cette position a rapidement et profondément agacé Donald Trump (IE n° 278). Et le 18 septembre dernier, celui-ci a annoncé que son administration allait, dès le lendemain, révoquer l’exemption de la Californie de déroger au droit fédéral, nettement moins strict en matière d’émissions. Dès le 20 septembre, la Californie et vingt-trois autres Etats ont répliqué en poursuivant le gouvernement fédéral pour faire annuler cette décision. A un an de la prochaine élection présidentielle, la bataille juridique entre le locataire de la Maison Blanche et la Californie s’envenime. Elle s’étend désormais aux constructeurs automobiles.

Dans son ensemble, la profession avait jusqu’alors affirmé qu’elle ne souhaitait pas prendre position dans le conflit, mais le 28 octobre, à la suite d’appels téléphoniques pressants de l’administration centrale, plus d’une douzaine de constructeurs automobiles – parmi lesquels General Motors, Fiat-Chrysler, Nissan et Toyota – ont intenté une action en justice parallèlement à celle de la Maison Blanche pour révoquer l’autorité de la Californie en matière d’émissions. Des observateurs interprètent cette volte-face comme le reflet de la crainte que Donald Trump augmente les droits de douane sur les voitures ou les pièces détachées importées, considère la vente de voitures étrangères comme un problème de sécurité nationale ou envisage même d’autres représailles. Le mois dernier par exemple, le ministère de la Justice a ouvert une enquête antitrust sur les quatre constructeurs automobiles (Ford, Honda, Volkswagen et BMW) qui s’étaient associés à la Californie dans son action en justice pour contester la révocation de son exemption par l’administration. Le feuilleton juridique, politique, économique, social et environnemental qui s’ouvre s’annonce donc passionné et illustre bien la complexité (et l’ambiguïté) des enjeux liés à une responsabilité d’entreprise globale et intégrée.