Pouvoir réparer soi-même est un droit qui préserve l’environnement

Le domaine des nouvelles technologies est à surveiller de très près sur le plan de la responsabilité élargie des entreprises. Et tout particulièrement pour ce qui est des technologies de l’information (informatique, téléphonie mobile…). La plupart des questions sociétales sont concernées : le climat (la quantité d’énergie nécessaire pour la fabrication et l’utilisation des appareils est considérable), les ressources (l’exploitation de certains minerais affecte très sérieusement l’environnement), les droits humains (l’obtention de certains minerais rares s’accompagne de graves atteintes aux droits humains), les droits sociaux (les conditions de travail dans les usines de téléphonie mobile sont régulièrement dénoncées), les libertés individuelles (les entreprises du secteur sont de plus en plus souvent visées par des plaintes pour atteinte à la vie privée), etc. Il ne faut pas oublier les problématiques liées à l’obsolescence et aux autres formes de consommation forcée, à tout le moins très contrôlées.

Sur ce dernier point, la société Apple semble très persévérante. Le groupe a déjà fait l’objet d’une plainte en France pour délit d’obsolescence programmée et tromperie (IE n° 271), plainte déposée en décembre 2017 par l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP). L’enquête est toujours en cours. Mais le géant de la téléphonie mobile est également pointé du doigt pour son hostilité à toute forme d’émancipation des consommateurs vis-à-vis de son réseau de réparateurs et d’entretien et pour son opposition farouche aux législations qui pourraient venir briser son monopole (voir IE). Le 7 août, le site Internet spécialisé 9to5Mac a révélé une découverte de la plate-forme en ligne de tutoriels de réparation iFixit. Selon le journal, Apple aurait installé sur les systèmes d’exploitation de certains de ses smartphones (iPhone XR, XS, XS Max) un logiciel dormant qui bloque les informations sur l’état de la batterie et affiche des messages d’erreur quand on la change soi-même, même s’il s’agit d’une batterie d’origine. Cela n’affecterait toutefois pas son fonctionnement. Mais si l’on veut changer sa batterie tout en bénéficiant des fonctions mesurant son état, on n’a pas d’autre choix que de passer par un prestataire agréé par Apple, qui seul possède la clé d’authentification permettant de résoudre le problème. Pour les partisans du droit à la réparation, ce procédé réduit les options de réparation et contribue à l’obsolescence accélérée des produits.