Nouvelle mise en cause des labels garantissant le respect des droits sociaux

Le thé est la boisson chaude la plus consommée au monde et l’on estime que plus de 13 millions de personnes participent à la cueillette des feuilles sur toute la planète. La forte intensité de main-d’œuvre de cette activité l’expose à de sérieuses violations des droits sociaux fondamentaux. Aussi les organisations de solidarité internationale et de défense des droits humains exercent-elles depuis des décennies une surveillance assidue de ce secteur. Certes, les principales marques communiquent abondamment sur les dispositifs qu’elles ont mis en œuvre pour améliorer les droits des travailleurs dans les plantations et elles s’appuient notamment sur les labels qui se sont développés. Mais une enquête récente menée par la Thomson Reuters Foundation a révélé que des plantations sri-lankaises certifiées par la Rainforest Alliance et par Fairtrade, qui fournissent les plus grandes marques comme Unilever, procèdent à des retenues sur salaire illégales.

L’enquête indique que les déductions peuvent atteindre 75 % de la rémunération prévue, ne laissant aux cueilleurs que 26 roupies sri-lankaises par jour (13 centimes d’euro). Les bulletins de paie collectés par la Thomson Reuters Foundation montrent que les salaires versés font, en moyenne, l’objet d’un prélèvement de 74 % dans les domaines labellisés par Fairtrade et de 65 % dans ceux certifiés par la Rainforest Alliance. Les motifs invoqués pour ces déductions sont banals et connus de longue date par les défenseurs des droits humains : remboursement de dettes, avance sur salaire, frais divers, quotas non atteints, retards sur le lieu de travail. Au final, les rémunérations versées sont très clairement insuffisantes pour répondre aux besoins élémentaires des ouvriers qui, de fait, se retrouvent dans une situation très précaire. Les marques et les organismes délivrant les certifications ainsi que la société chargée des contrôles (Flocert) ont rapidement affirmé qu’ils allaient lancer des investigations. Quoi qu’il en soit, ces révélations fragilisent encore la crédibilité des organismes et des processus de certification volontaires, dont l’image est déjà très dégradée.