Roger Federer appelé à intercéder en faveur des ouvriers indonésiens auprès de son nouveau sponsor

Durant les années 90, Nike concentrait une part importante des critiques relatives aux très mauvaises conditions de travail des ouvriers de ses sous-traitants en Amérique latine et surtout en Asie du Sud-Est. Cette dénonciation était accentuée par l’évolution faramineuse des budgets de sponsoring et des droits de retransmission des manifestations sportives (surtout depuis les JO de Los Angeles en 1984) et des contrats financiers mirobolants accordés par les équipementiers à certains sportifs. La marque au Swoosh est loin d’être parfaite aujourd’hui, mais elle est plus réactive à l’annonce de violations et partage désormais l’affiche avec d’autres enseignes. Après avoir représenté Nike pendant près d’un quart de siècle, le champion de tennis suisse Roger Federer vient de conclure un partenariat avec la marque de vêtements japonaise Uniqlo pour la confortable somme de 300 millions de dollars sur dix ans. Or le géant japonais est également critiquable.

En 2014, Uniqlo et d’autres marques de vêtements ont en effet brusquement mis un terme à leurs relations avec l’entreprise indonésienne Jaba Garmindo conduisant cette dernière à la faillite et 2 000 ouvrières et ouvriers au chômage. Depuis trois ans, ces salariés demandent à Uniqlo, dont le président-fondateur Tadashi Yanai est considéré comme la deuxième fortune du Japon, de prendre le relais de Jaba Garmindo et de leur verser leurs arriérés de salaire et indemnités de licenciement (5,5 millions de dollars environ). Sans succès jusqu’à aujourd’hui. Aussi l’association suisse Public Eye a-t-elle profité de l’annonce de ce nouveau partenariat pour publier un communiqué, le 4 juillet, assorti d’une campagne de signatures par laquelle elle demande à Roger Federer de faire appel à son fair-play légendaire en intervenant auprès d’Uniqlo. Ce ne serait pas la première fois qu’une marque renommée accepterait (sous la pression) de se substituer à un fournisseur défaillant pour répondre à ses engagements de responsabilité. En novembre 2017, la marque Zara avait ainsi accepté de participer à un fond pour indemniser 140 ouvriers de l’usine turque Bravo Tekstil qui avait brutalement fermé ses portes en juillet 2016 (IE n° 269).