RDC : entre richesses naturelles, déforestation, détournements de fonds et pauvreté

L’accélération des ventes de véhicules électriques et de terminaux nécessitant l’utilisation de batteries (smartphones…) et, plus largement, l’augmentation des besoins en solutions de stockage de l’énergie ont conduit à une explosion des cours de certains minerais, comme le cobalt, considéré désormais comme stratégique (IE n° 263). Face à cette flambée des prix et à un risque de pénurie, certaines sociétés, telles que Volkswagen, BMW, Samsung ou plus récemment Apple, cherchent à sécuriser leurs approvisionnements en cobalt, notamment en essayant de négocier directement des contrats à terme avec les mines, ce qui offrirait aussi la possibilité de mieux maîtriser les conditions humaines et écologiques de l’exploitation du minerai. De son côté, la République démocratique du Congo (RDC), qui produit la moitié du cobalt consommé dans le monde, a tout récemment annoncé son intention d’augmenter le taux de redevance sur les métaux stratégiques de 2 % à 10 % dans le cadre de la révision de son code minier. La décision doit encore obtenir l’aval de Joseph Kabila, le président du pays. Si la mesure était adoptée, elle permettrait d’ajouter 400 millions d’euros dans les caisses de l’Etat, à défaut de participer à l’élévation du niveau de vie de la population de ce pays qui tout en regorgeant de matières premières reste parmi les plus pauvres du monde. Les Nations unies ont ainsi établi une liste noire de personnalités proches de Joseph Kabila faisant l’objet de sanctions, notamment financières. Dans ce cadre, le Parlement du Royaume-Uni a indiqué à la mi-février avoir gelé les avoirs détenus par quatre d’entre elles pour un montant de 580 millions de livres environ, quelques jours après qu’une décision similaire a été prononcée par la France. Parallèlement, le gouvernement congolais multiplie les mesures qui portent atteinte à l’environnement. Le 1er février, le ministre de l’Environnement a ainsi rétabli des concessions forestières situées dans des zones de tourbières déterminantes pour la lutte contre les dérèglements climatiques. Le 8 février, le journal allemand Die Tageszeitung a révélé que Joseph Kabila avait autorisé l’exploration pétrolière dans la plus grande réserve de forêt tropicale pluviale d’Afrique, le parc national de la Salonga, inscrit au patrimoine de l’Unesco. Cette affaire rappelle celle du parc des Virunga, lorsque la compagnie pétrolière française Total et la britannique Soco avaient dû, sous la pression internationale, abandonner un projet d’exploration. Cela étant, en août 2017, la lettre Africa Energy Intelligence avait révélé qu’un accord de principe avait été signé pour réattribuer le permis de Soco à une société discrète (Oil Quest International), filiale d’une société offshore dirigée par… le fils du président de Soco.