Il y a urgence à lutter contre la déforestation due à la culture du cacao

Plus de 130 millions d’hectares de forêts ont disparu dans le monde au cours des vingt-cinq dernières années, soit la superficie de la France, de l’Italie et de l’Espagne réunies. Parmi les facteurs les plus médiatiques, on relève l’élevage de bovins, la culture d’huile de palme ou de soja, qui s’ajoutent aux constructions d’infrastructures ou aux prélèvements pour usage industriel (bois de charpente ou de menuiserie, papier, viscose…). D’autres causes de la déforestation interviennent de manière plus localisée, comme la culture du cacao. La Côte d’Ivoire et le Ghana représentent 60 % environ du marché mondial de cette denrée. Depuis 1960, la Côte d’Ivoire a perdu plus de 80 % de son couvert forestier tropical, en grande partie en raison de la culture de cacao. Les principaux acheteurs – Nestlé, Mars, Mondelez, Cargill, Barry Callebaut ou Ferrero – ont pris des engagements pour s’approvisionner avec un cacao qui ne participe pas à la déforestation, mais les résultats sont décevant. L’association américaine Mighty Earth montre ainsi dans une étude publiée le 13 septembre qu’une quantité importante du cacao de ces deux pays est cultivée illégalement dans des parcs nationaux et des aires protégées, certains espaces ayant été presque entièrement convertis en zones de culture de cacao exploitées par des petits paysans gagnant souvent moins de un dollar par jour. Les acheteurs assurent qu’ils font des efforts, mais reconnaissent aussi l’ampleur de la tâche. En juin dernier, trente-cinq sociétés ont déclaré qu’elles présenteraient lors de la COP 23, en novembre prochain, un cadre de travail pour honorer leurs engagements en faveur d’un approvisionnement en cacao respectueux des forêts. Une déclaration qui laisse, pour l’instant, les ONG environnementales sceptiques.