Découvert en 1947 en Ouganda, le virus Zika a causé depuis 2007 plusieurs pics épidémiques, notamment en Polynésie française en 2013. Comme il est peu virulent, un grand nombre de personnes contaminées ne présentent pas de symptômes. Les laboratoires ont donc délaissé ce virus pour se concentrer sur d’autres, plus répandus et potentiellement mortels, comme la dengue ou la malaria. Ce n’est qu’avec l’explosion récente du nombre de cas que le grand public a appris l’existence de ce virus, accusé de provoquer des malformations crâniennes chez le fœtus : il a contaminé plus de 1,5 million de personnes au Brésil depuis mai 2015 avant de se répandre en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Le docteur Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a déclaré l’urgence de santé publique le 1er février 2016. Les acteurs de l’industrie pharmaceutique se sont alors subitement lancés dans la recherche d’un vaccin : entreprises pharmaceutiques françaises Sanofi et Valneva, Institut Pasteur, GSK (groupe britannique), universités et entreprises de biotechnologie de taille plus modeste. Dans cette course qui pourrait aboutir à des résultats d’ici à la fin de l’année 2016, Sanofi serait bien placé, puisque le virus Zika appartient à la famille des flavivirus, dont fait également partie la dengue pour laquelle la firme a récemment mis un vaccin sur le marché. Mais cet épisode montre qu’en se concentrant sur un nombre réduit de pathologies, les laboratoires peuvent passer à côté d’autres virus émergents, susceptibles d’être responsables d’épidémies fulgurantes et de prendre au dépourvu les autorités sanitaires.