En juin 2015, le Haut-Commissariat aux réfugiés indiquait que dans le monde, près de 60 millions de personnes étaient déplacées ou réfugiées en raison de conflits ou de persécutions, un chiffre inégalé depuis la Seconde Guerre mondiale (voir Impact Entreprises n° 218). Si les personnes d’origine syrienne représentent une grande part des réfugiés, d’autres Etats sont également concernés : Afghanistan, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, République démocratique du Congo, Birmanie, etc. Dans ce dernier pays, les interventions militaires et la répression menée contre certaines minorités se poursuivent en dépit de la large victoire du parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie, en novembre 2015. Les populations Rohingya en sont les premières victimes. Cette minorité apatride de 1,3 million d’âmes environ est victime d’une ségrégation, de violences, de détentions arbitraires, de restrictions de sa liberté de mouvement et d’assassinats. Des associations comme Human Right Watch parlent même de nettoyage ethnique. De nombreux Rohingya fuient le pays vers le Bangladesh, la Thaïlande, la Malaisie ou l’Indonésie, où ils rejoignent les flux de réfugiés en provenance d’autres zones de la région soumis aux trafiquants d’êtres humains. La situation a pris un tour tragique avec la découverte, en mai 2015, de centaines de corps de migrants et de camps de détention abandonnés dans les jungles thaïlandaise et malaisienne, et l’afflux de bateaux bondés de migrants abandonnés par leurs passeurs au large des côtes malaisiennes, thaïlandaises et indonésiennes. La situation des migrants en Asie du Sud-Est risque en outre de ne pas s’améliorer avec les mesures adoptées par le gouvernement malaisien au début du mois de février. Il prévoit en effet de doubler, voire de tripler, les prélèvements sociaux portant sur les salaires des travailleurs étrangers. Ces prélèvements étant entièrement à la charge de ces salariés, ils amputent de près d’un quart le salaire d’un ouvrier de l’industrie électronique rémunéré sur la base du salaire minimal (900 ringgits par mois, soit 193 euros). C’est pourquoi 97 organisations internationales ont adressé une protestation à la Malaisie en lui demandant, entre autres, de revenir sur sa décision et de décider que les prélèvements soient, comme pour les travailleurs nationaux, à la charge de l’employeur.