Le secteur aérien n’est pas à la hauteur pour répondre aux besoins en matière de carburant vert

L’association Transport & Environnement (T&E) a publié le 3 décembre 2024 son nouveau classement des compagnies aériennes en fonction de leur implication dans les carburants d’aviation durables (sustainable aviation fuel, SAF). T&E note que seulement 10 des 77 sociétés analysées mettent en œuvre des efforts notables pour passer à des alternatives véritablement durables. En ce qui concerne les 67 autres, soit elles achètent trop peu de SAF, soit elles acquièrent le mauvais type de SAF, soit elles n’envisagent pas d’intégrer les SAF dans leurs plans de décarbonisation. Les trois premières compagnies du classement sont Air France-KLM, United Airlines et Norwegian.

T&E rappelle que tous les SAF ne se valent pas. Le e-kérosène – un carburant fabriqué à partir d’électricité renouvelable – est le plus durable et le plus évolutif. En revanche, les SAF dérivés de la biomasse (agrocarburants) varient considérablement en matière de durabilité et d’évolutivité. Ceux qui sont élaborés à partir de cultures vivrières ou fourragères, comme le maïs, ne sont absolument pas durables. Le e-kérosène représente moins de 10 % des accords SAF des compagnies aériennes, alors que les agrocarburants non durables produits à base de maïs ou d’huile de soja dépassent 30 % des engagements.

En 2023, les 77 compagnies analysées ont consommé plus de 1,6 milliard de barils de kérosène fossile, contre uniquement 2,6 millions de barils de SAF. Les volumes de SAF achetés ne répondront qu’à seulement 1,2 % de leurs besoins en carburant d’ici 2030. En d’autres termes, la réduction des émissions liée à l’utilisation de SAF ne compensera pas la croissance des rejets de GES du secteur. Pour ces 77 compagnies, les volumes prévus de SAF consommés aboutiront à une réduction des émissions de CO2eq de… 0,9 % en 2030.

L’association ajoute que les producteurs de pétrole ont leur part de responsabilité, car ils n’investissent pas suffisamment dans les carburants verts. Elle fait ressortir qu’Eni, TotalEnergies, Shell, BP, Chevron, ExxonMobil, Sinopec et Saudi Aramco ne pourront produire qu’environ 3 millions de tonnes de SAF par an d’ici 2030, soit moins de 3 % de leur production actuelle de kérosène. De plus, pratiquement aucun de leurs investissements dans les SAF ne concerne du e-kérosène. Ce marché est actuellement dominé par de petits raffineurs et des start-up qui n’ont pas la puissance financière nécessaire pour répondre aux besoins à long terme.