Pour les entreprises, prendre en compte les positions sur le climat de leurs associations professionnelles devient urgent

Un rapport publié le 13 février 2024 par le groupe de réflexion financier Planet Tracker exhorte les sociétés à réexaminer leurs liens avec les groupes de pression sectoriels. L’étude révèle que de nombreuses grandes entreprises, qui présentent des objectifs climatiques alignés sur l’accord de Paris, sont membres d’associations professionnelles ayant une démarche allant à l’encontre de la sauvegarde du climat. Pour les auteurs, « des messages cohérents et une surveillance diligente des associations professionnelles devraient être la norme ».

Dans un rapport précédent, Planet Tracker avait analysé les plans et les stratégies de transition climatique des grandes entreprises des secteurs de la consommation et de la chimie faisant partie du Climate Action 100+. Ce rapport avait montré que toutes les firmes, à l’exception de Danone et Nestlé, appartenaient à des associations professionnelles qui contredisaient leurs propres engagements en matière de climat. Dans son rapport du 13 février, Planet Tracker relève cependant quelques bonnes pratiques. Dans son Climate Advocacy Report, par exemple, le géant chimique LyondellBasell a évalué les associations professionnelles clés auxquelles le groupe adhère en fonction de leur alignement sur ses positions politiques en matière climatique.

Lors de sa dernière campagne de questions écrites à l’occasion des assemblées générales des entreprises du CAC 40 en 2023, le Forum pour l’investissement responsable (FIR) s’est intéressé au sujet. Il a spécifiquement demandé aux sociétés comment elles contrôlaient l’alignement entre leurs objectifs ESG et les positions des associations professionnelles dont elles étaient membres. Seulement 4 entreprises ont déclaré publier un rapport spécifique sur les divergences entre les positions qu’elles défendent auprès des autorités politiques et les associations professionnelles dont elles sont membres. Tous les rapports se concentraient sur la question climatique.

Planet Tracker préconise que les entreprises adoptent des approches claires à l’égard de leurs associations professionnelles sous peine d’être accusées de greenwashing. L’organisation conseille aussi de s’inspirer du cadre élaboré en 2019 par le World Resources Institute (WRI) sur cette question. Ce cadre propose une démarche en 5 étapes : effectuer une évaluation approfondie des positions des associations professionnelles sur le changement climatique par rapport à celles de l’entreprise et rendre publics les résultats de cette analyse ; prendre des mesures correctives et fixer des critères précis pour décider de rester ou non dans l’association ; exprimer publiquement son désaccord lorsque la position d’une association professionnelle sur le climat contredit celles de l’entreprise ; quitter l’association si nécessaire ; être totalement transparent.