Pour lutter contre la prolifération du plastique, il va falloir recycler plus. Mais cela pose d’énormes problèmes de pollution et pour la santé

La France accueillera la deuxième session de négociations sur le traité international sur la pollution plastique du 29 mai au 2 juin 2023. L’objectif est d’instaurer un instrument international juridiquement contraignant afin de mettre fin à la pollution par les plastiques. Ces négociations poursuivent un cycle qui a débuté le 2 mars 2022 à Nairobi (Kenya) et devraient s’achever à l’automne 2024. À l’approche de la deuxième session, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a soumis 20 propositions à l’attention des négociateurs. Pour mettre un terme à la pollution plastique d’ici 2040, il préconise notamment une approche sectorielle. Il recommande d’intégrer au projet de traité la notion « d’empreinte plastique » (à l’instar de l’empreinte carbone) pour évaluer l’impact réel des produits plastiques sur l’environnement tout au long de leur cycle de vie. De plus, le CESE demande que le principe d’interdiction des plastiques à usage unique d’ici 2040 soit ajouté dans le traité. Enfin, il estime que le traité doit comporter un objectif minimal de 30 % de plastique recyclé dans les emballages d’ici 2030…

Comme l’a montré la fondation Minderoo en février 2023, l’objectif de recyclage des matières plastiques reste encore un épiphénomène, à tout le moins pour les grandes sociétés pétrochimiques. Mais le recyclage du plastique n’est pas sans présenter des risques importants.

En Pennsylvanie par exemple, le maire de la petite ville de Northumberland vient de rejoindre les opposants à la construction d’une usine de recyclage de plastiques par la société Encina à proximité de la rivière Susquehanna, en amont de sa commune. Ces opposants craignent le déversement de substances chimiques telles que les per- et polyfluoroalkylées (PFAS), surnommées « polluants éternels », dans la rivière. Ces molécules ultrarésistantes sont potentiellement associées à une déficience de la fonction hépatique et rénale, au cancer, à des malformations congénitales et à une perturbation hormonale. Encina affirme qu’elle se servira d’une technologie de pointe (la pyrolyse catalytique) pour transformer les déchets plastiques en matières premières (benzène, toluène, xylène) utilisées pour de nouveaux plastiques et d’autres produits, et que l’usine ne produira pas de PFAS. Mais les détracteurs du projet s’inquiètent surtout de la phase de lavage des déchets qui précède le recyclage lui-même. De nombreux emballages en plastique sont en effet recouverts de PFAS qui sont solubles dans l’eau.

En France, dans un rapport publié le 14 avril 2023, l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable recommande « d’œuvrer pour une restriction dans le cadre de REACH conduisant à une interdiction d’usage, de production et d’importation de l’ensemble des PFAS ».

Toujours aux États-Unis, le 7 avril 2023, un groupe de citoyens, Cherokee Concerned Citizens, a engagé un recours contre l’Agence de protection de l’environnement (EPA) devant la cour d’appel de Washington DC. Cela fait suite à la décision de l’agence d’autoriser une raffinerie de Chevron, à Pascagoula (Mississippi), à produire des carburants dérivés des déchets plastiques. Les nouveaux produits chimiques pourraient soumettre une personne sur quatre située à proximité de la raffinerie à un risque de cancer au cours de sa vie. Ce risque serait 250 000 fois supérieur au niveau généralement considéré comme acceptable par le département de l’EPA qui approuve les nouveaux produits chimiques. Les plaignants font remarquer que ce type de recyclage, qui a pour but de transformer les déchets plastiques en carburant et est présenté comme un moyen de réduire les déchets plastiques, augmente en réalité les émissions de gaz à effet de serre, subventionne l’industrie pétrochimique et nuit à la santé des communautés situées près de ces installations.