La question de la répartition des terres et de leur transfert massif est un phénomène majeur et une source de conflit dans la plupart des régions du monde. Ce problème pourrait encore s’aggraver du fait de l’augmentation des besoins et des dérèglements climatiques. Des tentatives de réforme émergent ici et là, mais elles sont timides et font souvent l’objet de pressions visant à réduire leur portée, à les retarder ou tout simplement à les annuler. C’est le cas en Afrique du Sud. A la suite des élections générales de 1994, qui ont vu la victoire de l’ANC (African National Congress) et l’élection de Nelson Mandela comme président, le pays avait lancé une réforme agraire pour organiser le transfert, en vingt ans, de 30 % des terres arables à 600 000 petits fermiers noirs. A l’époque, près de 90 % des terres étaient détenues par des fermiers blancs. Plus de vingt ans après, force est de constater l’échec de ce plan, avec 8 % seulement des terres commerciales redistribuées, faute de ressources pour financer les acquisitions. Quelques mois après sa réélection en 2014, l’actuel président, Jacob Zuma, avait du reste décidé de relancer la réforme agraire. Mais celle-ci a dû faire face à de si nombreuses contestations, tant de la part des propriétaires terriens que de l’opposition radicale, qui prône la saisie des terres agricoles sans compensation, qu’un an après, cette réforme est encore en préparation. Cela étant, lors de son discours à la nation le 11 février dernier, le président sud-africain, affaibli politiquement, a annoncé qu’un projet de loi serait proposé au cours du premier semestre de 2016. Ce projet limiterait à 12 000 hectares la superficie qu’il serait possible de détenir et interdirait aux citoyens étrangers de posséder des terres, ne leur autorisant que des baux à long terme. Cette annonce ne satisfait ni l’opposition radicale ni les tenants du statu quo. Après l’annonce de Jacob Zuma, l’organisation à but non lucratif AfriBusiness, créée en 2011 pour porter la voix de la communauté des affaires afrikaner dans le débat public, a ainsi indiqué qu’elle s’opposerait à cette loi par tous les moyens (légaux, pression internationale, etc.).