Fin juin, le cabinet étatsunien Pleiades Strategy a publié une étude dans laquelle il indique que les républicains ont introduit 165 textes législatifs anti-ESG dans 37 États. Leur but est d’empêcher ou de restreindre l’utilisation de critères ESG dans les décisions d’investissement. Un grand nombre de ces initiatives sont restées lettre morte. Mais 19 d’entre elles sont devenues des lois, et 3 attendent la signature du gouverneur. Parmi ces nouvelles législations, 11 limitent les investissements dans les régimes de retraite. Les enjeux sont importants, puisqu’aux États-Unis, le montant total des actifs de retraite sous gestion est évalué à 35 400 milliards de dollars, dont 5 600 milliards de dollars pour les retraites du secteur public.
Les offensives se poursuivent. En février dernier, les républicains de la Chambre ont lancé un « groupe de travail ESG » pour coordonner leur approche. Le 25 juillet 2023, ils ont annoncé qu’ils avaient introduit une nouvelle série de projets de loi avec pour objectif de freiner l’influence des initiatives ESG sur les marchés de capitaux et financiers. Ces projets visent notamment les futures règles de transparence de la Securities and Exchange Commission (SEC) liées au climat comme la loi Guiding Uniform and Responsible Disclosure Requirements and Information Limits (GUARDRAIL), introduite à la Chambre le 20 juillet de cette année. Ils ciblent également l’utilisation par les investisseurs des votes par procuration « motivés politiquement » (en autorisant, par exemple, les émetteurs à exclure les propositions d’actionnaires de l’ordre du jour des assemblées générales si le sujet porte sur des questions de développement durable).
Les démocrates et le président Biden ne sont pas inactifs pour autant. Mais face à ces mouvements, de nombreux investisseurs préfèrent rester prudents, même s’ils se défendent de céder aux menaces républicaines.
Les anti-ESG interviennent aussi directement contre les entreprises. Ainsi, une organisation juridique à but non lucratif dirigée par Stephen Miller, ancien haut conseiller de Donald Trump, poursuit l’enseigne de grande distribution Target au nom de l’un des actionnaires de la société. Le groupe est l’un des principaux partisans de la communauté LGBTQ+ aux États-Unis, et chaque année depuis 2011, il présente une collection d’articles lors du mois des fiertés. Avant cette année, les collections n’avaient suscité que des critiques mineures. Mais cette année, des boycotts de Target ont été lancés, des magasins ont été vandalisés, des employés harcelés, des menaces à la bombe ont été proférées… Certains magasins de la marque ont retiré les articles de leurs rayons, et l’action a perdu 20 % de sa valeur en deux semaines. Le plaignant affirme que la politique ESG, de diversité, d’équité et d’inclusion de l’entreprise fait perdre à cette dernière des milliards de dollars, et qu’elle est à l’origine de sa déconvenue boursière.