En Australie, les communautés autochtones sont devenues très actives dans les actions juridiques menées à l’encontre du gouvernement et des entreprises. Le groupe anglo-suisse Glencore est le principal producteur australien de charbon, de cobalt et de zinc. Le 2 septembre 2022, l’organisation juridique australienne Environmental Defenders Office (EDO) a déposé des plaintes contre le géant minier auprès de l’autorité en charge du respect des règles de la concurrence et de la consommation (l’Australian Competition and Consumer Commission – ACCC) et de l’organisme qui supervise la réglementation des entreprises, des marchés et des services financiers (l’Australian Securities and Investment Commission – ASIC).
Dans cette affaire, EDO agit au nom de la communauté autochtone The Plains Clan of the Wonnarua People, de l’organisation de défense du climat Comms Declare et du groupe d’action communautaire Lock the Gate Alliance. Elle accuse ainsi Glencore d’allégations trompeuses au sujet de sa politique de décarbonisation, alors même que l’entreprise étend ses mines de charbon dans le pays. L’organisation affirme aussi que son comportement contre les « propriétaires traditionnels », un terme qui fait référence aux peuples aborigènes qui disposent de droits et de responsabilités quant à certaines parcelles de terre en Australie, viole la loi sur les sociétés de 2001.
EDO a déposé quatre autres plaintes contre Glencore auprès du Advertising Standards Board (le système d’autorégulation de la publicité en Australie) pour ses publicités, notamment dans le cadre de sa campagne de communication institutionnelle « Advancing Everyday Life », sur YouTube, Facebook, son site web et son fil d’information. L’organisation estime que Glencore viole le Code de réclamations environnementales et le Code de déontologie de l’Association australienne des annonceurs nationaux.
Comme dans d’autres régions du monde, les autorités australiennes commencent à s’inquiéter de l’opportunisme de certaines sociétés et de leur utilisation abusive des sujets éthiques, et plus particulièrement de la question climatique, dans leur communication. Le 20 septembre dernier, Delia Rickard, vice-présidente de l’ACCC, a ainsi déclaré lors du Sydney Morning Herald Sustainability Summit, que cette année, l’autorité ciblait activement le greenwashing. Elle estime qu’il est important « que les entreprises puissent étayer leurs affirmations, que ce soit par le biais de rapports scientifiques fiables, d’informations transparentes sur la chaîne d’approvisionnement, d’une certification par un tiers réputé ou d’autres formes de preuves ». Elle a ajouté que l’ACCC n’hésiterait pas à prendre des mesures si elle constatait que les consommateurs étaient induits en erreur ou trompés par des allégations écologiques.
EDO dénonce également des campagnes de communication menées par le géant minier pour discréditer deux « aînés autochtones » (Robert Lester et Scott Franks) dans un journal local de Hunter Valley. Ces deux personnes avaient cherché à empêcher Glencore de poursuivre un projet d’extraction de charbon sur un site sacré en Nouvelle-Galles du Sud.