Le golfe du Bengale est la plus grande baie du monde. Il est bordé par la péninsule indienne, le Bangladesh, le Sri Lanka, la Birmanie, l’ouest de l’Indonésie (province d’Aceh), la Thaïlande et la Malaisie. Près de 1,4 milliard de personnes vivent le long de son littoral. Mais les conflits, militaires et civils, pourraient s’intensifier dans la région, selon une étude récente publiée par l’Institut Clingendael (Pays-Bas) et l’Institut indien d’études sur la paix et les conflits (IPCS). La zone est déjà l’objet de conflits liés au contrôle des ressources naturelles (terre, forêts, eau et minéraux), aux tensions ethniques et à l’accroissement des flux migratoires.
Les flux migratoires sont un élément clé dans cette spirale. Par conséquent, les conflits entre les groupes sociaux, les différentes communautés et l’État se multiplient. Au Bangladesh, par exemple, on note des épisodes de violence entre les agriculteurs et les éleveurs de crevettes dans la région de Khulna à propos de la salinisation des ressources hydriques. Le rapport souligne également une douzaine de mouvements séparatistes ethniques déclenchés par des conflits à propos des ressources dans le nord-est de l’Inde. Dans ce même pays, la violence envers les migrants dans le nord-est de l’État d’Assam a été provoquée par des flux de personnes entre l’Inde et le Bangladesh. Le Bangladesh a été le théâtre de manifestations locales contre les réfugiés rohingyas en provenance de Birmanie (Myanmar).
Lors d’une déclaration faite le 14 février 2022, les chercheurs ayant participé à l’étude ont révélé que ces conflits pourraient encore être aggravés par la perte de terres et les déplacements liés au changement climatique. La région connaît des conditions météorologiques extrêmes fréquentes (inondations catastrophiques, vagues de chaleur meurtrières et cyclones dévastateurs). Combinées aux facteurs stratégiques, sociaux et économiques, elles font de cette zone un terrain fertile à la multiplication des menaces de tensions sociales et à la violence. Les migrations entre les ceintures côtières et l’arrière-pays pourraient conduire à une urbanisation incontrôlée, source de tensions et de criminalité. Le dérèglement climatique pourrait empirer l’épuisement et la spoliation des terres ainsi que leur dégradation. Ces phénomènes ne pourront qu’alimenter l’insécurité économique et sociale des communautés agraires et des minorités ethniques, entraînant de nouvelles phases de violence. L’élévation du niveau de la mer, l’érosion et les cyclones pourraient aussi gravement affecter les conditions de vie des réfugiés, comme les populations rohingyas sur l’île de Bhashan Char au Bangladesh.