La banque britannique Standard Chartered, très présente sur les marchés émergents, est sous le feu des critiques pour sa politique climatique

L’association australienne Market Forces et la Friends Provident Foundation ont annoncé le 16 février 2021 qu’elles avaient décidé de déposer un projet de résolution d’actionnaires lors de la prochaine assemblée générale annuelle de la banque britannique Standard Chartered. Les organisations demandent à la banque de faire coïncider avec les objectifs climatiques mondiaux son engagement pris en octobre 2021 selon lequel elle vise la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle, et donc d’arrêter tout financement de combustibles fossiles. Le rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), paru en mai dernier, souligne en effet que pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 à l’échelle de la planète, il est nécessaire de mettre un terme à la création ou à l’extension de tout projet d’exploitation de combustibles fossiles.

StanChart est la cible d’organisations écologistes au Royaume-Uni, mais aussi dans les pays asiatiques – comme les Philippines – et en Australie. La banque est le premier financeur britannique du charbon en Asie. Elle continue également de subventionner l’expansion des entreprises pétrolières et gazières, et a octroyé plus de vingt-quatre milliards de dollars américains aux secteurs des combustibles fossiles depuis la signature de l’accord de Paris. Par exemple, elle fait partie d’un consortium soutenant un projet de gaz naturel dans l’ouest de l’Australie (Scarborough LNG). Selon les associations écologistes, celui-ci générera plus d’émissions de carbone que quinze centrales électriques au charbon. De plus, StanChart s’apprête à financer une centrale électrique au gaz de sept cents millions de dollars et de 1,4 gigawatt à Ratchaburi, une province à l’ouest de Bangkok (Thaïlande).

La politique climatique de StanChart prévoit une réduction de 30 % de l’intensité des émissions des projets pétroliers et gaziers qu’elle subventionne d’ici 2030. Mais la banque prévient aussi que les progrès ne seront pas linéaires et que son financement de la production de gaz naturel pourrait augmenter avant de chuter, car ce combustible remplacera des sources plus intensives en carbone, comme le charbon. Toutefois, d’après des informations de la Global Coal Exit List (projet piloté par l’organisation allemande Urgewald), publiée le 16 février 2022, Standard Chartered a financé, entre janvier 2019 et novembre 2021, des projets liés au charbon, principalement en Asie, à hauteur de 9,5 milliards de dollars.